Soixante avocats visitent Karim Tabbou par alternance pour briser son isolement
Par Mohamed K. – Une avocate de Karim Tabbou a décrit des conditions de détention inhumaines subies par ce militant incarcéré sur ordre du chef d’état-major de l’armée. Dans une déclaration faite lors de la marche de ce 41e vendredi de manifestations contre les résidus du système Bouteflika, l’avocate a affirmé que le détenu d’opinion est placé dans une cellule d’isolement et que soixante avocats se relayent pour lui rendre visite tous les jours afin de contrecarrer la torture psychologique qui lui est imposée par le régime.
Le pouvoir illégitime incarné par le général Gaïd-Salah et les quelques généraux qui l’entourent recourt à des méthodes illégales pour tenter d’étouffer la révolte qui va en grandissant. L’emprisonnement de responsables politiques, de militants du Hirak et d’officiers ayant refusé d’exécuter les ordres verbaux que leur hiérarchie veut leur faire endosser sans qu’elle-même les assume a donné lieu à de vives dénonciations et condamnations, aussi bien dans le pays qu’à l’étranger. Mais rien ne semble dissuader les tenants du pouvoir actuels qui jouent leur va-tout pour sauver le système dont l’éradication souhaitée par les millions d’Algériens qui manifestent depuis plus de neuf mois leur sera fatale.
«Le Parlement européen a dû réagir suite au blackout imposé par les médias internationaux qui se détournent des graves atteintes aux droits de l’Homme et à la liberté d’expression en Algérie, et cette réaction a provoqué un mouvement de panique qui trahit la peur du régime, conscient qu’il finira par subir un retour de flammes lorsque le Hirak aura triomphé et que le système sera évincé», souligne un avocat engagé auprès du Mouvement de contestation populaire.
«Le cas du moudjahid Lakhdar Bouregâa est sans aucun doute l’exemple le plus significatif du degré d’ignominie de ce régime qui a osé jeter en prison un symbole de la Guerre de libération nationale, connu pour sa bravoure et ses hauts faits de guerre», ajoute cet homme de loi qui relève le caractère «abominable» de cet emprisonnement arbitraire d’un «homme âgé de 87 ans et qui vient de subir une lourde intervention chirurgicale mais que le commandement de l’armée prive de sa liberté, même s’il venait à mourir derrière les barreaux». «Les cas du journaliste Mohamed Tamalt et du militant Kamel-Eddine Fekhar sont là pour prouver que rien n’arrête ce pouvoir dans ses errements, ses exactions et ses outrances», rappelle cet avocat, qui assure que «seule la poursuite du Hirak mettra fin à ce caporalisme».
M. K.
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