Benflis sait qu’il ne sera pas Président : quel deal a-t-il passé avec l’armée ?
Par Kamel M. – Tous les indicateurs montrent que le prochain président de la République adoubé par l’état-major de l’armée est connu d’avance. Le candidat Abdelmadjid Tebboune l’a appris à ses dépens lorsque, pour des raisons non encore élucidées, les tenants du pouvoir réels ont coupé l’herbe sous ses pieds et l’ont non seulement lâché mais jeté à la vindicte populaire à travers une campagne médiatique acharnée. Nonobstant, Ali Benflis s’accroche mordicus à sa candidature bien qu’il n’ait aucune chance de se voir élire, le peuple majoritaire rejetant la présidentielle et l’administration étant instruite de bourrer les urnes en faveur de son rival, Azzedine Mihoubi.
«Ce serait faire une offense à la ruse qui caractérise l’ancien directeur de campagne de Bouteflika en 1999 que de croire qu’il ne sait pas ce qu’il fait», ont confié des sources très au fait des manigances qui se trament dans les méandres capitonnés et obscurs du pouvoir. «S’il persiste à vouloir se présenter bien que tout joue contre lui, c’est qu’il a reçu des garanties et qu’il sera appelé à jouer un rôle après le 12 décembre», soulignent ces sources qui affirment ne pas savoir «exactement» de quoi il en retourne pour le moment, mais «il est certain que le candidat malheureux aux élections de 2004 et 2014 a appris la leçon et a choisi de revoir ses ambitions à la baisse pour revenir aux affaires, même par la petite porte», assurent nos sources.
De nombreux observateurs s’accordent à dire que les cinq candidats à la présidentielle du 12 décembre étant de fait acquis à la feuille de route du commandement de l’armée, en ayant accepté de se prêter au jeu de la figuration dans cette manœuvre politique hasardeuse, des rôles seront distribués à chacun d’eux après la cooptation du successeur de Bouteflika. «Ali Benflis pourrait néanmoins refuser de paraître comme celui qui aura passé un marché avec le système dont il dit qu’il le combat au même titre que le peuple majoritaire, mais il aura au moins, pense-t-il sans doute, réussi à sauvegarder son parti à travers lequel il voudra jouer les premiers rôles et se substituer aux formations politiques traditionnelles, aussi bien du pouvoir que de l’opposition, les premières lâchées par le régime qui veut se débarrasser d’un boulet et les secondes rejetées par le Hirak qui inclut dans son désir de changement une refonte totale du paysage politique national», commentent nos sources.
K. M.
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