Le message codé de Saïd à Gaïd-Salah au tribunal : «Je t’attends au tournant !»
Par Abdelkader S. – Le mépris affiché par le frère de l’ancien président Bouteflika au tribunal de Sidi M’hamed trouve son explication dans le caractère même de la parodie de procès de la corruption ordonné par le chef d’état-major de l’armée. Saïd Bouteflika ne reconnaît pas, et pour cause, la légitimité des juges qui ont été désignés par Gaïd-Salah pour conduire les auditions comme il leur a dicté.
Saïd Bouteflika estime, par son attitude dédaigneuse envers les magistrats qui l’interrogeaient, ce samedi, qu’il est toujours le chef dans la mesure où ceux qui ont ordonné qu’il soit emprisonné à Blida et entendu à Sidi M’hamed appartiennent tous au même système dont il était le parrain en tant qu’interlocuteur exclusif de l’ancien Président malade. Il est convaincu également que personne, y compris les juges, les prévenus et les journalistes des médias à la solde du pouvoir, mobilisés en force pour relayer cet ersatz de procès, ne croit au sérieux de la mise en scène grotesque voulue par Gaïd-Salah, depuis avril dernier, pour détourner l’attention de l’opinion publique et camoufler le coup d’Etat qu’il venait de commettre au lendemain de l’application de l’article 102.
Pour Saïd Bouteflika, aussi bien les tenants du pouvoir actuels que la justice qu’ils ont instrumentalisée ne sont aptes à le juger. Les témoignages du général Toufik, dont des bribes ont été révélées par ses avocats, confirment cette thèse, l’ancien patron des services secrets ayant confirmé que la rencontre qu’il avait eue avec le frère et conseiller de l’ex-chef de l’Etat n’avait rien de secret et qu’il avait demandé à son interlocuteur d’en informer le chef d’état-major de l’armée. Aussi, bien qu’il soit décrié par les citoyens pour avoir voulu organiser un passage en force, en leur imposant un cinquième mandat humiliant, vu l’incapacité du candidat à sa propre succession à l’assumer, Saïd Bouteflika n’en est pas moins la pièce maîtresse qui pourra, demain, lorsque Gaïd-Salah sera enfin écarté du pouvoir, révéler les secrets des alliances et des tiraillements au sommet du pouvoir qui ont conduit à la grave crise actuelle, qui menace jusqu’à la sécurité et la souveraineté du pays.
Le rire moqueur de Saïd Bouteflika au tribunal de Sidi M’hamed signifie à peu près ceci : «Je t’attends au tournant !»
A. S.
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