Les expatriés fuient le pays par crainte d’émeutes lors de la présidentielle
Par Houari A. – Nous apprenons de sources concordantes qu’un grand nombre d’expatriés a quitté le pays ces derniers jours par crainte d’émeutes lors de l’élection présidentielle, imposée par l’armée pour ce 12 décembre et rejetée par le peuple majoritaire. Ces expatriés travaillent en Algérie pour des firmes étrangères ou des sociétés algériennes qui recourent à leurs compétences.
«Cet exode massif, qui va immanquablement perturber le bon fonctionnement des entreprises qui les emploient, vient s’ajouter à un ralentissement sans précédent de l’activité économique dans le pays depuis de longs mois», alertent ces sources qui rappellent qu’un nombre incalculable d’entreprises étrangères ont décidé de désinvestir en Algérie et ont «soit abandonné, soit gelé des projets qui étaient en cours et qui représentent un grand manque à gagner pour le pays».
La crise politique profonde et inédite que traverse l’Algérie a eu des effets désastreux sur le climat des affaires. Le procès en cours des oligarques, dont le verdict devrait être rendu ce mercredi, a plombé les investissements et découragé les industriels qui craignent que la machine judiciaire les atteigne au regard du flou qui entoure l’opération «mains propres», lancée par les tenants du pouvoir et qui s’assimile moins à une lutte contre la corruption et la prévarication qu’à un règlement de comptes entre clans rivaux au sommet de l’Etat.
Les mises en garde des puissances étrangères sur la situation qui risque de basculer ce jeudi en Algérie sont discrètes, mais sont néanmoins réelles, les ambassades occidentales brossant un tableau noir sur les «horizons bouchés» et les «perspectives incertaines» au regard de l’entêtement du régime à se maintenir au pouvoir malgré les manifestations pacifiques de millions d’Algériens qui en sont presque à leur dixième mois. Des manifestations qui ne cesseront pas au lendemain de la présidentielle de ce jeudi dont les cinq candidats sont indésirables.
Les capitales occidentales, qui se livrent une guerre secrète pour sauvegarder leurs intérêts en Algérie, non seulement surveillent la situation de très près, mais ont déjà entamé des contacts avec les prétendants à la fonction suprême en prévision des marchés à préserver ou à renforcer, ou des opportunités d’affaires à venir, dans un deal où la voix du peuple compte peu comparée aux dividendes colossaux qu’elles comptent tirer de leurs alliances avec les détenteurs du pouvoir, quels qu’ils soient.
H. A.
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