Ce que révèle l’irruption de l’ancien chef terroriste de l’AIS dans la présidentielle
Par Mohamed K. – La sortie de l’ancien chef de l’Armée islamique du salut (AIS), bras armé du parti éponyme, a le mérite de remettre les pendules à l’heure s’agissant de la décennie noire. Elle met à nu, en effet, les dissensions qui ont toujours existé au sein de la mouvance islamiste et des groupes armés depuis l’apparition de cette mouvance extrémiste dans le pays à la fin des années 1970 et de l’action armée dans le milieu des années 1980.
Le désaccord des résidus du FIS et de l’AIS au sujet de la présidentielle de ce 12 décembre a tombé les masques des zélateurs du «qui tue qui» en Algérie, aujourd’hui opposés à l’échéance électorale imposée par l’état-major de l’armée, qui découvrent, comme par enchantement, que Madani Mezrag est un «criminel» qui «aurait dû être emprisonné pour avoir avoué publiquement qu’il a tué des soldats de l’ANP». Ces pourfendeurs fanatiques de l’armée qui a combattu l’hydre terroriste durant les années de braise ont tourné casaque et admettent, involontairement, que les auteurs des crimes commis durant cette période sont bel et bien les affidés du FIS ou, du moins, des éléments qui sont sortis de sa matrice mais qui, par la suite, ont échappé à son contrôle.
Dans le conflit qui oppose deux tendances aux antipodes au sein de cette obédience par rapport à l’élection présidentielle, on s’aperçoit que les alliés d’hier s’entredéchirent et se renvoient les accusations, confirmant, par là même, la thèse défendue par la hiérarchie militaire à l’époque, qui avait dû intervenir après que toutes les voies pouvant aboutir à une solution politique à la grave crise, qui avait été provoquée par la menace que faisait peser le FIS sur la sécurité nationale, furent fermées. Le fait est qu’effectivement Abassi Madani ne maîtrisait plus ses troupes, après qu’il eut affirmé lui-même qu’il ne pouvait pas ordonner aux radicaux de la mosquée «Kaboul» à Alger de mettre fin à l’occupation des espaces publics. Cette mosquée, où des armes étaient entreposées, était une sorte de quartier général des anciens éléments armés d’Oussama Ben Laden fraîchement rentrés de Tora Bora.
A la tête du FIS, le conseil consultatif était unanime à dénoncer le comportement belliqueux et frénétique du numéro deux du parti qui semblait monopoliser la parole devant un Abassi Madani par trop «mou» aux yeux de son bras droit, pressé d’en découdre. Une «mollesse» qui avait fait d’Ali Benhadj le véritable chef de file de cette formation religieuse anticonstitutionnelle, au grand dam des autres membres de sa direction qui ont récemment dénoncé cet accaparement des leviers de commande par ce trublion, toujours aussi actif.
Ces divisions réapparaissent près de trente ans plus tard et mettent aux prises deux tendances qui se crêpent le chignon en public. La première, représentée par Ali Benhadj, les éléments de Rachad – une organisation proche du FIS – et les anciens partisans de Sant’Egidio, et la seconde, le chef de l’AIS, devenu «personnalité nationale» depuis que le pouvoir l’a sollicité pour «apporter sa contribution à l’enrichissement de la Constitution» que Bouteflika et Gaïd-Salah avaient triturée ensemble, en 2016, et qui allait servir de rideau à ce dernier pour voiler le coup d’Etat qu’il exécutera trois ans plus tard.
M. K.
Comment (35)