Non, général, l’Algérie no wins !
Par Youcef Benzatat – Dans votre méprise de la révolte du peuple, qui a osé s’indigner pour sauver son pays de vos griffes de prédateurs, de sa régression indéfinie et du chaos dans lequel vous l’avez précipité, vous ordonnez à vos propagandistes déshonorés d’insérer dans l’image qui diffusait les résultats de votre parodie d’élection présidentielle ce slogan cynique : «L’Algérie wins».
Non ! L’Algérie n’a pas gagné, pour pouvoir faire de vous un maréchal ! C’est votre dictature qui a opéré un passage en force à coups de censure, de propagande et de matraque, voire à balles en caoutchouc, jusqu’à présent, en attendant le pire à venir probablement ! C’est votre dictature qui a été reconduite dans toute sa laideur. C’est votre prise d’otage de notre pays et de notre destin qui ont été prolongés vers un temps indéterminé.
Par votre ambition démesurée du pouvoir, par votre cupidité et ignorance, vous êtes en train de lui faire perdre une deuxième fois l’opportunité que Larbi Ben M’hidi et Abane Ramdane lui avaient déjà offertes pour devenir une nation respectée parmi les grandes nations du monde.
Au lieu de cela, vous vous êtes muré dans l’autisme qui vous caractérise devant le cri de détresse de millions de voix de ce peuple vous suggérant de revenir à la raison et d’écouter ses doléances. Celles de tourner la page d’une expérience de soixante ans d’errance pour aller ensembles vers la refondation des structures de son Etat et ses institutions, afin de l’arrimer à la contemporanéité du monde et le doter de mécanismes qui garantiront à ses enfants sécurité, bonheur et prospérité.
Comment peut-il en être autrement, sachant que vous vous êtes associé avec celui qui contribua à l’enrichissement de votre propre progéniture, par l’octroi illégale de terrains à Annaba lorsqu’il était ministre de l’Habitat ? Certes, à la place de Président où vous l’avez intronisé, il serait à coup sûr le meilleur rempart contre toute poursuite judiciaire à l’encontre de toutes les dérives de prédation commises par vous et votre junte qui vous soutient et avec laquelle vous confisquez avec violence et cynisme la souveraineté du peuple sur son Etat, son armée et ses richesses. Voilà jusqu’où vous avez réduit l’intérêt suprême de la nation, que vous avez pervertie en bien privé !
L’écho du murmure qui se propage ici et là sur vos frasques vous fait paniquer à tel point de lâcher tous vos chiens de garde avec leur animosité de barbares contre ce peuple meurtri dans son sursaut de dignité. Mobiliser tous vos cerbères ivres d’agitation dans vos laboratoires de manipulation et de propagande, pour élire votre protégé, en éloignant les indiscrétions sur son choix à devenir votre interlocuteur auprès des puissants de ce monde à qui vous devez rendre des comptes, pour le désigner Président au-dessus de tout soupçon. Les jeux ne sont pas si clos pour autant en votre faveur définitive, car vos rivaux se comptent à l’infini. Intérieur et extérieur du pays, d’un côté le peuple qui vous résiste et de l’autre les puissants charognards qui guettent nos moindres perclusions. Au sein même de votre institution, à qui vous faites encourir le risque de son implosion, en provocant des rivalités dangereuses pour la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale et la paix civile, au point où chaque clan s’efforçait à faire valoir son candidat, celui du poète, du barbu et l’éternel candidat devenu la mascotte de chaque élection.
Non, général ! Notre Algérie no wins ! C’est la vôtre qui croit avoir gagné. La nôtre, elle lutte. Elle résiste. Elle résistera à toutes vos ruses, à toute votre répression, à toutes vos manipulations. Le Président que vous avez désigné ne saura représenter les enfants d’Amirouche, de Ben Boulaïd et de tous ceux et celles qui ont versé leur sang dans l’abnégation pour nous restituer notre dignité et notre liberté de la méprise coloniale. Quand bien même vous voudrez recourir à cette dernière ruse que vous pourrez déployer, celle de la main tendue au Hirak pour corrompre ses représentants que vous aurez choisis pour le neutraliser de sa propre initiative, comme cela avait toujours été le cas dans pareille circonstance.
Mais le temps travaille pour nous, pas pour vous, général ! La victoire est au bout de notre résistance et non au bout de vos ruses et matraques. Le peuple ne croit plus à vos promesses de rétablir la légalité que vous n’avez jamais osé ni su réaliser depuis notre émancipation de l’emprise coloniale. L’histoire nous a enseigné que tout pouvoir bâti sur le mensonge, l’injustice et le mépris finira toujours par s’effondrer sous la Loi de Vérité. S’il y aura un jour un gagnant, et ce jour, il pointe déjà son nez à l’horizon du Hirak, sans vous, se sera bien la vérité qui vous éclaboussera et vous balayera à jamais du chemin de la destinée de notre nation.
Y. B.
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