Tebboune va-t-il intégrer des figures respectées par le Hirak dans l’Exécutif ?
Par Nabil D. – Des sources concordantes n’excluent pas l’idée qu’Abdelmadjid Tebboune fasse appel à des figures de l’opposition respectées par le Hirak pour faire partie du gouvernement, voire pour le diriger carrément. Des noms sont cités mais il sera difficile au nouveau locataire du palais d’El-Mouradia de convaincre d’anciens ministres qui se sont rangés du côté du peuple majoritaire de lui tourner le dos maintenant que le chef d’état-major a exécuté sa feuille de route, en ignorant superbement le rejet de cette échéance par le Mouvement de contestation populaire.
Abdelmadjid Tebboune est conscient que libérer les détenus politiques ne suffira pas à calmer la colère des citoyens, qui continuent de manifester pour le changement du système et le départ définitif de ses symboles. Un tel geste, qui sera présenté comme une «grâce» ou une «amnistie» générale par le nouveau Président, ne sera pas accepté en tant que tel par le Hirak dans la mesure où les arrestations qui ont ciblé ces manifestants, ces militants, ces hommes politiques, ces journalistes et ces artistes sont des abus de pouvoir commis par les cercles de décision qui ont permis à Tebboune de devenir chef de l’Etat.
Pour de nombreux observateurs, les actes de «bonne foi» que Tebboune s’apprête à faire ne seront pas de nature à réduire le fossé qui sépare la majorité du peuple qui a boudé les urnes de la nouvelle direction politique qui ne pourra pas se défaire de l’image de «relique» de l’ère Bouteflika. S’associer au nouveau gouvernement signifierait inéluctablement une «trahison» envers le Mouvement du 22 Février, et aucune personnalité respectée par l’opinion majoritaire ne serait prête à se faire harakiri en se jetant dans les bras du Président qu’elle considère comme étant un «pion» entre les mains de l’armée.
Pour ces observateurs, si Tebboune veut gagner un semblant de confiance auprès de cette opposition non structurée mais homogène et soudée qu’est le Hirak, il devra commencer par limoger, voire faire juger le chef d’état-major et ses proches collaborateurs qui se sont rendu coupables de graves atteintes aux droits de l’Homme et abus d’autorité, outre la violation de la Constitution et l’adoption de lois jugées contraires aux intérêts suprêmes de la nation.
Le nouveau chef de l’Etat va-t-il annuler ces lois ? Ce serait un autre gage de bonne volonté, assurent ces observateurs qui se disent, toutefois, sceptiques quant à la disposition d’Abdelmadjid Tebboune à mordre la main qui lui a fait prendre sa revanche contre le clan adverse, en lui faisant prendre sa place sans coup férir.
N. D.
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