Macron entre le marteau du régime et l’enclume du Hirak : casse-tête algérien
Par Mohamed K. – La France est prise entre le marteau du pouvoir et l’enclume du Hirak. D’un côté, le Mouvement de contestation populaire rejette toute ingérence étrangère, d’où qu’elle vienne, et cible particulièrement la France et les Emirats arabes unis, de l’autre, le nouveau locataire d’El-Mouradia a fait des attaques contre l’ancienne puissance coloniale son leitmotiv lors de sa campagne électorale.
«Paris évite de mettre le doigt dans l’engrenage», a analysé un expert en géostratégie. «La France préfère suivre les événements de près mais sans commettre de faux pas car la position de l’Elysée est très sensible par rapport aux événements en Algérie», explique cet analyste, qui rappelle que durant la décennie noire, «la France était vilipendée aussi bien par le pouvoir de l’époque que par les islamistes du FIS et les groupes terroristes. L’armée accusait Paris de chercher à l’affaiblir pour l’empêcher de venir à bout du terrorisme islamiste et maintenir ainsi une instabilité dans le pays dont les dirigeants faisaient front à une complicité flagrante du pouvoir socialiste sous Mitterrand avec la mouvance intégriste qu’il avait tout fait pour la faire accéder au sommet de l’Etat».
«D’un autre côté, ajoute l’expert, les islamistes pointaient du doigt cette même France qui, affirmaient-ils, soutenait le régime militaire corps et âme». «Pourtant, objecte-t-il, tout le monde sait que l’Algérie avait été mise en quarantaine après le coup monté du détournement de l’Airbus d’Air France à Alger et les conséquences que cette opération a eues sur le pays qui a été isolé à partir de 1995, jusqu’à la conférence de Sant’Egidio où l’Internationale socialiste avait voulu desserrer l’étau sur les groupes islamistes armés qui étaient en voie d’être vaincus et leur offraient ainsi une couverture politique en propageant, en parallèle, le fameux qui tue qui pour dédouaner les GIA et accabler l’armée qui les combattait».
Pour notre source, «la France joue un rôle direct dans la politique algérienne, même si elle s’échine à prouver le contraire». «Ses nombreux intérêts vitaux en Algérie, la présence d’une forte communauté algérienne dans l’Hexagone, la guerre sans merci que se livrent les puissances mondiales pour occuper l’espace et accaparer les richesses des pays du Sud et de nombreux autres éléments font que Paris ne peut se détourner de l’Algérie, plus grand pays du continent africain dont elle constitue la porte d’entrée, et du Maghreb dont elle est le pivot», explique cet expert.
«Aussi son ingérence est-elle inéluctable, quand bien même les protagonistes de la crise politique algérienne n’en voudraient pas car, au fond, aussi bien les uns que les autres savent que l’Algérie ne peut tourner la page du jour au lendemain et que, de toutes les façons, dans la position de faiblesse du pays fortement dépendant de l’étranger, une ingérence remplacerait une autre et les Algériens savent par où cette dernière est en train de s’infiltrer insidieusement.»
M. K.
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