Lune de miel ?
Par Abdelkader S. – Revirement ou encore un jeu de rôles ? Après le détachement avec lequel le Président français a réagi à l’avènement d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir, le voilà qui, après avoir «pris note», félicite «passionnément» son homologue algérien.
Comment expliquer ce changement de direction subit ? Emmanuel Macron a fait précéder ses félicitations «chaleureuses» par une déclaration intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Que s’est-il passé durant ces quatre jours pour que Paris fasse un virage à 180° ? On saura si cette nouvelle lune de miel est vraie à travers la tendance que les médias français suivront dans leur couverture des événements en Algérie. Ces derniers, qui avaient fait preuve d’une certaine «pudeur» dans le traitement du Mouvement de contestation populaire, avaient fini, ces derniers jours, par ôter les gants et tirer à boulets rouges sur le régime en place, en donnant la parole exclusivement aux opposants et aux journalistes clairement partisans du Hirak.
C’est au travers de ces médias que pourront être décelés les éléments qui pourraient expliquer cette virevolte de l’Elysée et du Quai d’Orsay. Si virevolte il y a car, à vrai dire, beaucoup d’observateurs doutaient déjà de l’authenticité du scepticisme français quant au résultat de la présidentielle contestée en Algérie. Le casse-tête algérien est donc en train d’être réglé en douce, par un rapprochement par petits pas avec le successeur de Bouteflika qui avait fait des attaques contre l’ancienne puissance coloniale un argument massue pour convaincre une frange de la société hostile à la France à voter pour lui.
Tebboune sait que la dépendance vis-à-vis de l’étranger est telle qu’il ne pourra pas se permettre de fâcher le principal partenaire qui avait réussi, dans les années 1990, à isoler l’Algérie et à imposer un embargo sur les armes à l’ANP qui combattait l’hydre islamiste, couvée et nourrie par François Mitterrand et son Parti socialiste.
De son côté, Macron, comme tous les dirigeants occidentaux, n’a d’autre choix, comme nous le signalions dans un de nos articles, que de composer avec le détenteur des sceaux de la République.
A. S.
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