Un média allemand titre : «Le régime algérien mérite le Nobel de la fraude»
Par Houari A. – Piètre image que celle que renvoie le régime algérien à l’étranger. Le journal allemand Zeit, dont un journaliste a réalisé un reportage en Algérie, s’est fendu d’un titre ironique qui reprend les propos d’un manifestant au lendemain de la présidentielle du 12 décembre et de l’annonce de la victoire d’Abdelmadjid Tebboune.
«Tebboune, 74 ans, est considéré comme le vieux cheval de bataille du régime et un favori des militaires. Au premier tour de scrutin, il a décroché 58,1% d’avance sur ses quatre concurrents triés sur le volet. Cela sauve au moins les Algériens de l’humiliation d’un second tour électoral qui aurait été également falsifié», écrit le journaliste allemand.
«La suspicion de fraude concerne surtout le taux de participation, dont dépend la légitimité du nouveau chef de l’Etat. Selon l’institution officielle en charge de ces élections, il serait de 41,1%. Les observateurs de l’Union européenne n’ont même pas été autorisés cette fois. Dans presque aucun bureau de vote visité par des journalistes, la participation était estimée à 10% à peine», a relevé l’envoyé spécial du journal allemand, qui décrit des salles «vides partout» et une «perplexité ambiante parmi les personnes chargées du déroulement du scrutin». «Le régime mérite le prix Nobel de la fraude, s’est moqué un jeune manifestant», écrit encore Zeit.
Le journal a interrogé la politologue Louisa Aït Hamadouche qui «voit l’Algérie à la croisée des chemins après ce vote misérable». «Il y a une méfiance totale entre le peuple et le régime, qui est au cœur de notre crise politique», a-t-elle confié au média allemand, en ajoutant que «si le nouveau Président continue d’ignorer les demandes de Hirak, d’intimider et de tromper le Mouvement populaire, le pays pourrait prendre une direction risquée».
Les médias occidentaux ont été unanimes à mettre en cause l’intégrité du scrutin du 12 décembre rejeté par plus de 80% des Algériens qui ont boudé l’urne et refusé que des élections leur soient imposées par l’armée à partir d’une caserne et serve à reconduire le système Bouteflika. Cette absence de légitimité représente un sérieux handicap pour Abdelmadjid Tebboune, qui aura du mal à convaincre l’opposition à adhérer à son appel au dialogue.
H. A.
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