Bensalah et Bedoui : deux nouveaux fusibles à griller pour laver le système
Par Mohamed K. – Les regards sont braqués sur le chef de l’Etat intérimaire et le Premier ministre fictifs qui vont «enfin» partir comme l’exige le Mouvement de contestation populaire depuis le 22 février. Une campagne insidieuse a commencé à travers les réseaux sociaux et les médias inféodés au pouvoir pour détourner les regards des citoyens de leur principale revendication qui a changé après la démission de Bouteflika.
«Les deux B restants vont enfin quitter leurs fonctions !» lit-on ici et là, comme pour dire que l’objectif du Hirak a été atteint. Mais le devenir d’Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui, à vrai dire, n’intéresse plus les millions d’Algériens qui ont compris qu’ils étaient grugés par l’état-major de l’armée qui s’est servi de leur révolte pacifique pour écarter les membres gênants du clan et s’approprier le pouvoir par la force et la ruse, faisant ainsi d’une pierre deux coups.
Il y a longtemps qu’Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui ne font plus partie des cartes maîtresses du régime. Absents, invisibles, aphones, amorphes, ces deux commis de l’Etat, qui ont survécu à la purge opérée par les véritables tenants de la décision, quitteront les arcanes du pouvoir comme ils y ont accédé, par la petite porte. Aussi leur retrait ne changera-t-il rien à la donne et sera un non-événement que les relais du pouvoir vont exploiter à outrance après l’installation officielle d’Abdelmadjid Tebboune et la démission du Premier ministre pour donner l’illusion d’un changement profond au sommet de l’Etat et, donc, du caractère «injustifié» de la poursuite du mouvement de contestation populaire.
Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui ne sont pas la clé de voûte de la résolution de la crise profonde que traverse le pays, et leur disparition souhaitée de la scène politique ne marquera pas la fin de la révolte populaire. Cette dernière a mûri et mué de semaine en semaine pour exiger le départ des véritables responsables de ce désordre dont la persistance a achevé de briser le peu de confiance qui pouvait encore subsister entre les détenteurs réels du pouvoir, incarné par le chef d’état-major de l’armée, et le peuple majoritaire.
M. K.
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