Fuite d’une note secrète de Gaïd-Salah qui soulève de nombreuses questions
Par Abdelkader S. – Le contenu d’une note secrète que le chef d’état-major de l’armée vient d’adresser aux responsables militaires concernés et sa divulgation suscitent de nombreuses interrogations, au lendemain de l’intronisation d’Abdelmadjid Tebboune à la tête de l’Etat.
Dans cette instruction frappée du sceau de la confidentialité et révélée par le journaliste exilé à Londres Saïd Bensedira, très tôt ce samedi matin, le général Gaïd-Salah ordonne aux destinataires de maintenir «l’état d’alerte» et de «continuer de serrer l’étau sur les groupuscules criminels» (sic). Selon le journaliste, par «groupuscules criminels», l’auteur de la directive entend les manifestants du Hirak qui continuent d’exprimer leur exigence de voir les résidus du système Bouteflika lâcher le pouvoir et leur refus de reconnaître le nouveau chef de l’Etat comme Président légitime.
Le message de Gaïd-Salah reprend les mêmes termes insultants envers les manifestants qu’il utilisait dans ses discours prononcés lors de ses déplacements à travers les Régions militaires. Il daterait du 19 décembre, soit la veille du 44e vendredi de contestation populaire, qui a drainé moins de monde que la semaine dernière pour des raisons que des analystes expliquent par une «position d’expectative» des citoyens qui attendent de connaître la composition du prochain gouvernement et les mesures qui seront prises par Abdelmadjid Tebboune dans les jours à venir pour décider de la suite à donner au Mouvement de contestation populaire.
Cette «interférence» du vice-ministre de la Défense est de nature à gêner le nouveau Président qui prend le chemin inverse et multiplie les assurances, les promesses d’apaisement à l’endroit des manifestants. Y a-t-il, là aussi, un jeu de rôles ou Gaïd-Salah continue-t-il de diriger le pays d’une main de fer derrière le rideau ? La divulgation de cette note risque, en tout cas, d’exacerber la colère des citoyens qui continuent de réclamer le départ de Gaïd-Salah et des généraux qui l’entourent, responsables de l’emprisonnement de centaines de citoyens et de militants de façon arbitraire et illégale et de l’enlisement de la crise politique dans le pays du fait de leur mainmise sur les rouages de l’Etat après la démission forcée de Bouteflika.
Que cache cette nouvelle manœuvre ? Ceux qui ont divulgué cette note provocante de Gaïd-Salah cherchent-ils à nuire à Tebboune en le montrant comme un Président potiche ? Sont-ce ceux qui ont soutenu Azzedine Mihoubi et dont on apprend qu’ils subiraient les foudres du «grand manitou» inamovible en dépit de son âge avancé ? Ces questions, si elles n’ont pas de réponse pour le moment, indiquent, cependant, que tout n’est pas réglé au sommet de l’Etat avec la désignation du remplaçant de Bouteflika.
A. S.
Comment (60)