Emmanuel Macron répond : «Oui, le colonialisme a été une erreur profonde»
Par Kamel M. – Le Président français a réitéré les propos qu’il avait tenus lors de sa visite en Algérie. «Le colonialisme a été une erreur profonde», a-t-il, en effet, réaffirmé ce dimanche en Côte d’Ivoire. La question de la colonisation demeure un passif lourd qui continue d’envenimer les relations entre l’Algérie et la France.
Des appels à la criminalisation de la colonisation sont lancés de façon récurrente en Algérie, des partis et des organisations proches du pouvoir réclamant un repentir de la part des autorités françaises. Côté français, la réponse à ces demandes est demeurée inchangée, Paris estimant qu’il est «grand temps que la page du passé soit tournée», alors que les Algériens restent dans leur ensemble attachés à la Guerre de libération nationale et aux martyrs tombés pour l’Indépendance, quand bien même cette question est instrumentalisée par le régime à des fins politiciennes.
Les relations entre l’Algérie et la France ont rarement connu une période aussi trouble que celle qui les caractérise actuellement, soit depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika et l’éruption du soulèvement populaire pacifique contre le système. Le nouveau président Abdelmadjid Tebboune a fait des critiques acerbes contre l’ancienne puissance coloniale son leitmotiv lors de la campagne électorale, emboîtant le pas au chef de l’armée qui, dans un de ses tout premiers discours, accusait la France de «chercher à déstabiliser» le pays.
La réaction tiède d’Emmanuel Macron au lendemain de l’avènement du successeur de Bouteflika au pouvoir a confirmé cette situation de «quasi rupture des relations entre les deux pays», comme l’a qualifiée une source proche du dossier. A Alger, les médias inféodés au pouvoir avaient vite fait d’annoncer un échange téléphonique entre le locataire de l’Elysée et le nouveau chef de l’Etat algérien, en affirmant que le premier a «félicité chaleureusement» son interlocuteur. Mais des sources en France ont relativisé le contenu de la discussion en révélant à demi-mot que les propos de Macron avaient été déformés.
La priorité en Algérie étant le changement de régime pour lequel des millions de citoyens manifestent sans discontinuer tous les mardis et vendredis depuis dix mois, jour pour jour, les Algériens sont concentrés sur la crise intérieure profonde qui s’est aggravée avec la désignation de Tebboune après une élection présidentielle boycottée par l’écrasante majorité des Algériens et considérée comme un passage en force des résidus du système sous la conduite de Gaïd-Salah. Ils poursuivent leur combat de façon pacifique pour la liberté tout en rejetant toute ingérence étrangère, d’où qu’elle vienne.
K. M.
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