Sa dernière volonté
Par Abdelkader S. – L’histoire retiendra que Gaïd-Salah a laissé une dernière volonté avant de mourir : continuer de réprimer le peuple et de «mater les résidus de groupuscules criminels», avait-il écrit dans sa toute dernière note avant de quitter ce bas-monde.
Voilà donc ce que retiendront les Algériens de celui dont les médias à la solde du pouvoir veulent faire un héros qui aura «épargné le sang» des Algériens. Un grossier mensonge qui s’ajoute à tous ceux que ces instruments de propagande jabotent depuis leur création, se soumettant sans vergogne au puissant du moment avant de se retourner contre lui dès qu’ils sentent la brise tourner.
Les citoyens se rueraient par dizaines de milliers vers le Palais du peuple où sera exposé le corps du général mort hier à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja, nous informent ces chaînes habituées à la falsification de la vérité et au bourrage de crâne. Mais la vérité est que les Algériens restent concentrés sur leur mouvement de contestation et réclament la fin de cette vision archaïque et rétrograde de la gestion des affaires de l’Etat où la courtisanerie et les louanges frisent l’adulation et l’idolâtrie.
La mort de Gaïd-Salah n’a «ému» que ceux qui ont vu dans sa disparition l’évaporation de leurs plans personnels, partis en vrille maintenant que leur parrain n’est plus là, même si les professionnels du battage excelleront dans les mises en scène montrant des Algériens nombreux, effondrés, dans un long cortège funèbre presque similaire à celui des défunts Boudiaf ou Boumediene. Ils en sont capables !
Pendant ce temps, les moudjahidine Lakhdar Bouregâa et Hocine Benhadid se meurent à petit feu dans la prison où les a jetés le dictateur dont on veut nous convaincre qu’il fût un sauveur de la nation. Pendant ce temps, des centaines de citoyens et d’officiers croupissent dans les cachots du régime depuis que Gaïd-Salah a fait de l’inquisition son évangile.
Des prisonniers d’opinion en sont à leur quatorzième jour de grève de la faim et les médias à la solde du pouvoir détournent l’opinion vers l’enterrement de celui qui a voulu enterrer la démocratie pour l’avènement de laquelle les détenus comptent les jours en les marquant d’une pierre blanche sur les murs des geôles de la dépouille.
A. S.
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