Tebboune, Gaïd-Salah, Chengriha, Hirak, frontières : les Marocains s’affolent
Par Mohamed K. – De tous les pays voisins et partenaires de l’Algérie, le Maroc est sans aucun doute celui qui s’inquiète le plus des événements qui secouent l’Algérie depuis dix mois. Les médias marocains sont unanimes à se considérer concernés par ce qu’il se passe chez le voisin de l’Est.
Les Marocains se focalisent évidemment sur deux questions essentielles : la frontière fermée depuis 1994 et la question sahraouie. L’ensemble des médias et des analystes au Maroc partagent l’espoir que les changements qui s’opèrent actuellement difficilement en Algérie aient un impact direct et immédiat sur ces deux dossiers qui minent les relations en dents de scie entre ces deux pays pivots du Maghreb.
Le Maroc, dont le roi multiplie les appels du pied à l’endroit des détenteurs du pouvoir en Algérie dans l’espoir de parvenir à un dégel des rapports tendus, craint cependant que le cours des événements ne serve pas ses intérêts et tempère ainsi ses ardeurs au vu de la persistance de la crise politique en Algérie et de l’absence de perspectives à court terme.
Les médias marocains mettent en avant notamment ce qu’ils qualifient de caractère «marocophobe» du nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et du remplaçant de Gaïd-Salah à la tête de l’état-major de l’armée, le général Saïd Chengriha, décrit carrément comme un «ennemi du Maroc». Les premiers signes d’un rapprochement entre Alger et Rabat se sont vite estompés, alors que Mohammed VI et son gouvernement dirigé par Saâd-Eddine El-Othmani avaient jugé qu’il fallait s’engouffrer dans la brèche pour lancer des signaux d’apaisement vers les nouveaux dirigeants en Algérie, en se gardant toutefois de paraître comme s’immisçant dans les affaires intérieures du pays.
L’ancien ministre des Affaires étrangères Salah-Eddine Mezouar l’a appris à ses dépens lorsqu’il s’était fendu d’une déclaration sur la crise algérienne, avant d’être sévèrement recadré par son successeur Nacer Bourita et carrément éjecté du syndicat des patrons dont il était le président.
Le Maroc est dans l’expectative et adopte une position prudente par rapport à la situation algérienne complexe qui risque d’avoir des répercussions directes sur son propre devenir politique, vu la similitude des situations dans les deux pays où les citoyens réclament plus de liberté et aspirent à tourner la page de la gouvernance archaïque dans laquelle les régimes en place veulent les maintenir.
M. K.
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