Tebboune s’exprime en français et assène une gifle aux panarabistes zélés
Par Mohamed K. – Lors de sa première sortie publique en tant que président de la République, s’adressant aux industriels qui ont échappé à la «chasse aux sorcières» à la Foire de la production nationale, Abdelmadjid Tebboune n’a pas hésité à recourir à la langue de l’ancienne puissance coloniale pour s’exprimer et échanger avec ses interlocuteurs sur place.
Le chef de l’Etat assène ainsi une gifle à tous les détracteurs du Mouvement de contestation populaire qui accusent ce dernier d’être à la solde de la France et qui jubilaient à l’idée que les tenants du pouvoir, dont ils vantent la volonté de mettre fin à la dépendance de l’Algérie envers Paris, sont des panarabistes assumés.
Des cercles malveillants avaient tenté de créer une division entre les Algériens, en inventant une ligne de démarcation entre «francophiles», voués aux gémonies, et fidèles à la ligne héritée de Ben Badis et à la Déclaration de Novembre. Cette machination visait clairement une région particulière du pays, la Kabylie des héros de la Guerre de libération nationale Abane Ramdane, Amirouche et Krim Belkacem, que les laboratoires de l’intrigue n’ont pas réussi à isoler du reste du pays, comme ils avaient pu le faire en 2001, durant le tragique printemps noir, lointains signes avant-coureurs du Hirak.
«Abdelmadjid Tebboune n’a eu aucun complexe à parler en français, dans ce contexte de grande hypocrisie qui a suivi immédiatement la déchéance de l’ancien président Bouteflika, accusé d’être un vassal de l’Elysée et qui s’est caractérisée par l’appel du ministre de l’Enseignement supérieur au remplacement de la langue de Molière par l’anglais dans les universités», soulignent des sources informées, selon lesquelles «ces changements annoncés ne sont pas d’ordre linguistique mais doctrinal». «C’est de la politique politicienne, ni plus ni moins», relèvent nos sources qui excluent «tout abandon du français en Algérie ni à court, ni à moyen, ni à long terme, ironise-t-on, pour la simple raison que l’Algérie demeurera tournée vers l’Hexagone, bien malgré elle, pour de nombreuses raisons, au premier rang desquelles la présence d’une communauté algérienne majoritaire dans ce pays sur le modèle duquel, par ailleurs, sont calqués toutes les lois et tous les documents administratifs algériens depuis 1962 à ce jour, de la couleur et de la forme du permis de conduire jusqu’aux appellations des entreprises économiques publiques et des institutions de l’Etat».
«Le Conseil constitutionnel et le Conseil de la nation, c’est-à-dire le Sénat, aux destinées duquel préside à vie l’arabisant Abdelkader Bensalah n’ont-ils pas été copiés sur les Français ?» s’interrogent nos sources, un tantinet sarcastiques.
M. K.
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