Gouvernement : Tebboune bute contre le poste de ministre de la Défense ?
Par Abdelkader S. – La composition du nouveau gouvernement a été retardée par la mort du chef d’état-major de l’armée, considéré comme le véritable chef de l’Etat après la démission forcée de Bouteflika. L’homme fort du régime auquel le nouveau Président était adossé, car élu avec un score trop faible pour pouvoir lui assurer une légitimité populaire, est parti et laisse ainsi le locataire d’El-Mouradia sans son principal appui.
Les choses avaient été planifiées par avance lorsque Gaïd-Salah tenait les rênes du pouvoir d’une main de fer. Mais sa disparition a chamboulé le programme, et la succession à la tête de l’armée semble ne pas être pleinement acquise. La désignation du chef des forces terrestres, le général Saïd Chengriha, au poste de chef d’état-major par intérim dénote un écueil qu’Abdelmadjid Tebboune devra surmonter, tout en sachant qu’il doit son intronisation au sommet de l’Etat, en remplacement de sa bête noire Abdelaziz Bouteflika, au commandement de l’armée sous l’auspice de Gaïd-Salah.
Le nouveau chef de l’Etat, qui a présidé sa première réunion du Haut Conseil de sécurité (HCS) dès sa prise de fonctions, devra «négocier» le portefeuille de ministre de la Défense nationale avec le successeur de Gaïd-Salah dont on ne sait pas quels rapports il entretient avec les autres généraux qui ont constitué le socle sur lequel l’ancien chef d’état-major a assis son omnipotence et sa gestion unilatérale depuis la déchéance de l’ex-président de la République. En effet, des sources concordantes ont fait état de «crispation» au sein de la hiérarchie militaire depuis que des officiers de haut rang ont décidé d’adouber deux candidats rivaux d’Abdelmadjid Tebboune à la présidentielle du 12 décembre dernier.
Trois problèmes se posent au chef de l’Etat. Doit-il garder la fonction de ministre de la Défense de plein exercice et déléguer celle de vice-ministre à un militaire ? Doit-il, s’il adopte cette option, confier le poste de vice-ministre de la Défense nationale à un civil ? Et, enfin, se passera-t-il de la fonction de ministre de la Défense plein au profit d’un militaire ou d’un civil ? Dans les trois cas, l’avis de l’armée comptera plus que le sien propre.
A. S.
Comment (58)