Chengriha a fait l’Ecole de Saint-Cyr et Djerad Paris-X : la fin de la démagogie
Par Nabil D. – Abdelmadjid Tebboune a fait le choix de tourner le dos aux fanatiques panarabistes qui, en soutenant Gaïd-Salah, étaient entrés dans son jeu malsain de division de la société entre arabisants et berbérophones, accusés d’«allégeance à la France». L’ancien homme fort de l’armée, complexé par son niveau d’instruction primaire, avait fait de la «francophobie» son arme de prédilection pour, croyait-il, casser le Mouvement de contestation populaire, en lui opposant des slogans panarabistes fanatisés. Dans son élan, l’ancien chef d’état-major avait instruit le ministre de l’Enseignement supérieur d’en rajouter une couche, en décrétant, de façon unilatérale, l’anglais comme première langue étrangère.
Or, dès la prise de la fonction suprême par Abdelmadjid Tebboune, ce dernier a planté le décor, en s’exprimant dans la langue de Molière lors de son tout premier déplacement officiel à la Foire de la production nationale à Alger. Il venait ainsi d’asséner une gifle aux panarabistes zélés qui se trouvent aujourd’hui triplement humiliés.
En effet, le nouveau locataire du palais d’El-Mouradia a, dès la mort de Gaïd-Salah, chargé le général Saïd Chengriha de prendre les commandes de l’armée. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le nouveau chef d’état-major, natif d’El-Kantara, dans la wilaya de Biskra, officier de l’arme blindée recruté en 1963 avec un baccalauréat, a été formé à l’école de Saint-Cyr Coëtquidan, en France. Il a fait partie de la première promotion de l’Indépendance et a toujours servi dans les unités de combat. Chef de bataillon de chars et de brigade blindée, le général Saïd Chengriha a aussi commandé des unités interarmes, puis a été chef d’état-major d’unité et de Région militaire. Il fut à la tête de la 3e Région militaire de Béchar avant de devenir commandant des forces terrestres. Il est également diplômé de l’Ecole d’état-major et de l’Ecole de guerre. Un cursus qui diffère totalement de celui de son prédécesseur dont la seule formation qu’il a suivie à l’étranger est purement technique et n’a aucun lien avec le commandement ou, encore moins, la stratégie.
La désignation, ce samedi, d’Abdelaziz Djerad à la tête du gouvernement, confirme le choix d’Abdelmadjid Tebboune de privilégier la compétence sur l’ochlocratie. Le nouveau Premier ministre a, d’ailleurs, clairement laissé entendre dès sa première déclaration, que le temps est à la recherche de solutions sérieuses au grave déficit de confiance entre les citoyens et le pouvoir et à la grave crise économique qui frappe le pays de plein fouet. Sa priorité n’est donc pas de flatter l’ego des démagogues ni à chercher leur courtisanerie, mais d’aboutir à une sortie de crise au plus tôt.
N. D.
Comment (71)