Il a refusé d’intégrer le gouvernement : ce que Benbitour a dit à Tebboune
Par Kamel M. – Nous apprenons de sources généralement bien informées qu’Ahmed Benbitour a refusé d’intégrer le gouvernement d’Abdelaziz Djerad pour plusieurs raisons qu’il a invoquées lors de ses entretiens avec les nouveaux dirigeants politiques. Selon nos sources, l’ancien chef du gouvernement démissionnaire aurait exigé que de «véritables compétences» soient associées au nouvel Exécutif et que le président Tebboune s’emploie au plus vite à la «réhabilitation des institutions». Ahmed Benbitour aurait fait part, également, de son souhait de voir «le temps des allégeances disparaître à jamais» et aurait signifié à ses interlocuteurs qu’il était grand temps d’aller vers une transition démocratique «négociée avec l’opposition et des représentants dûment habilités du Mouvement de contestation populaire».
Ahmed Benbitour aurait aussi demandé à Abdelmadjid Tebboune de libérer immédiatement tous les détenus politiques, tout en s’engageant, toujours selon nos sources, à contribuer à la mise en place d’une feuille de route qui pourrait servir de plateforme au dialogue auquel a appelé le successeur d’Abdelaziz Bouteflika et qui aurait pour objectif de trouver des solutions à la crise actuelle.
On ne sait pas quelles ont été les réponses d’Abdelmadjid Tebboune à l’ancien ministre des Finances, respecté pour son engagement sans faille aux côtés du Hirak, son honnêteté intellectuelle et son courage politique.
Ahmed Benbitour avait affirmé, dans un entretien accordé à Algeriepatriotique en juillet dernier, que le temps n’était plus au dialogue mais à la négociation, en estimant que «toutes les initiatives sont bonnes» mais qu’«elles doivent converger vers une solution». Il avait indiqué que la société algérienne souffrait de cinq maux, «la perte de la morale collective, la violence qui devient un instrument privilégié de règlement de conflits, la corruption généralisée, l’individualisme et le fatalisme».
«Aujourd’hui, la difficulté est que nous avons deux rapports de force : le système de pouvoir et le Hirak [qui], jusqu’à aujourd’hui, n’a pas désigné d’une façon claire ses porte-parole», avait observé Ahmed Benbitour selon lequel «tant que le rapport de force n’a pas amené les tenants du pouvoir à dire qu’ils sont prêts à négocier, cela ne servirait à rien de choisir des personnes et les jeter à la vindicte populaire pour rien», avant de décrire un pouvoir en place souffrant de trois maux, «l’autoritarisme, le patrimonialisme et le paternalisme» et un Etat «déliquescent», marqué par «l’institutionnalisation de l’ignorance scientifique et de l’inertie, le culte de la personnalité, l’institutionnalisation de la corruption, un nombre restreint d’individus qui prennent des décisions stratégiques au téléphone à la place des institutions habilitées et l’émiettement des pôles au sommet de la hiérarchie de l’Etat».
K. M.
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