Le gouvernement Djerad devrait être annoncé incessamment : le test de vérité
Par Nabil D. – L’annonce de la composition de la nouvelle équipe gouvernementale que devra conduire Abdelaziz Djerad serait imminente, selon des sources concordantes. Des rumeurs citent des noms par-ci par-là, mais aucune information vérifiée n’a filtré à l’heure où nous rédigeons ces lignes.
Le choix de l’ancien secrétaire général de la présidence de la République sous Liamine Zeroual a donné lieu à de nombreux commentaires. Si le Hirak rejette toute décision prise par Abdelmadjid Tebboune à qui il dénie toute légitimité, en raison du taux de participation très faible à la présidentielle du 12 décembre, des analystes estiment qu’il ne faut pas «jeter le bébé avec l’eau du bain» et qu’«il n’y a pas d’autre choix que de composer avec la nouvelle équipe dirigeante maintenant que la cause principale du blocage politique et des graves atteintes aux libertés et aux droits de l’Homme n’est plus là».
Des observateurs avertis ont fait remarquer que «la crise risque de perdurer encore dans un contexte marqué par des bruits de bottes menaçants à nos frontières est», en soulignant, cependant, que le nouveau locataire d’El-Mouradia, arrivé au pouvoir suite au coup de force du commandement de l’armée contraire à la volonté d’une écrasante majorité du peuple, «tarde à confirmer sa volonté à tourner la page du binôme Bouteflika-Gaïd-Salah, en ordonnant dès à présent la libération de tous les détenus d’opinion, injustement incarcérés, et en lançant le chantier prioritaire de la réforme de la justice dont la dépendance flagrante envers la hiérarchie militaire et le pouvoir exécutif l’ont gravement déviée de son rôle originel».
La désignation de l’ancien ministre de la Communication sous Bouteflika, Belaïd Mohand-Saïd, au poste de ministre conseiller auprès de Tebboune a également été différemment appréciée, les uns reprochant à Tebboune de continuer d’exclure les jeunes compétences, d’autres saluant cette démarche «insuffisante, toutefois, si elle n’est pas accompagnée d’une autre réforme urgente, celle du grand nettoyage qui devra concerner le champ médiatique national qui a prouvé son manque de professionnalisme et son éloignement de l’éthique soit par intérêt financier, soit par instinct de survie».
Il reste à savoir si Abdelaziz Djerad pourra se défaire de l’ensemble des ministres hérités de l’ère Bouteflika et dont certains sont directement rattachés à des cercles de décision extérieurs au gouvernement, à l’image de l’inapte ministre de la Poste et des Télécommunications, Houda-Imane Feraoun, nommée par Saïd Bouteflika et couvée par Gaïd-Salah pour des raisons qui demeurent mystérieuses à ce jour.
Tout dépendra donc des noms qui composeront le prochain Exécutif qui devra affronter la mission quasi impossible de réconciliation avec le peuple majoritaire et convaincre le Hirak de sa bonne foi. D’autres, avant Abdelaziz Djerad, se sont cassé les dents, quand bien même la feuille de route de Gaïd-Salah a été exécutée à la lettre au grand dam du Mouvement de contestation populaire qui n’a pas réussi à empêcher la présidentielle du 12 décembre, exit la Kabylie où le mot d’ordre de boycott a été suivi à 100%.
N. D.
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