Sites bloqués, chaînes de propagande : ce qu’a dit Belaïd Mohand-Oussaïd
Par Mohamed K. – La désignation de Belaïd Mohand-Oussaïd en tant que conseiller à la Communication auprès d’Abdelmadjid Tebboune avec grade de ministre augure-t-elle la fin de la censure et le blocage abusif de sites électroniques, dont Algeriepatriotique ? Les propos tenus par le fondateur du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) lors de ses interventions avant sa nomination à la présidence de la République tendent à le faire croire.
Belaïd Mohand-Oussaïd avait, en effet, déclaré, lors d’une conférence de presse animée en août dernier, que le pouvoir devait, s’il avait réellement l’intention d’ouvrir un dialogue avec les forces vives du pays, dialogue qui lui a été imposé de fait par le Mouvement de contestation populaire, prendre une batterie de mesures préalables. L’ancien ministre de la Communication avait, notamment, appelé à libérer les dizaines de jeunes du Hirak injustement emprisonnés, à arrêter d’étouffer l’action politique et associative, à respecter la liberté d’expression et à cesser de fermer les sites électroniques.
Prenant la défense du Hirak, le conférencier, qui s’exprimait au lendemain d’une rencontre avec le porte-parole de la commission du dialogue mise en place par le pouvoir, avait souligné que le Mouvement populaire «n’a jamais visé le démantèlement des institutions de l’Etat» mais que c’est une «révolution pour nettoyer ces institutions du système corrompu».
Dans le même sillage, Belaïd Mohand-Oussaïd, indiquait en 2017, lors des élections législatives auxquelles il avait décidé de participer, que le pouvoir «doit s’adapter aux changements qui surviennent dans la société». «La société, avait-il argué, est constituée de plusieurs générations, et la mentalité dominante qui dirige ces générations demeure en retard par rapport à leurs exigences. Il faut donc qu’il y ait une cohérence entre les aspirations de ces générations et les moyens de gouvernance et de gestion.»
«Le rejet des élections par les citoyens est justifié par des pratiques et des expériences antérieures vécues», avait-il encore dit, en ajoutant que «dans les régimes démocratiques, les élections sont une halte pour le bilan et pour le changement». «Ce principe est-il appliqué chez nous ? Non ! La preuve en est que la force politique dominante sur le plan quantitatif au Parlement continue de constituer le pilier du pouvoir dans le pays, et il n’y a rien à l’horizon qui présage un changement de cet équilibre, que ce soit avec ces élections (les législatives de 2017, ndlr) ou celles qui suivront», avait-il noté.
Abordant la question des médias à nouveau, Belaïd Mohand-Oussaïd assurait que seuls ceux qui ont des choses à se reprocher ont peur des médias. «De quoi avoir peur ? Critiquez et je vous répondrais !» avait affirmé le nouveau porte-parole de la Présidence, selon lequel «seuls ceux qui ont des choses à se reprocher recourent à la fermeture du champ médiatique (…) alors que les satellites, les réseaux sociaux et les chaînes étrangères nous surveillent.»
«Les chaînes de télévision actuelles ne sont pas des chaînes d’information, elles font de la politique», avait-il encore dit, en relevant que «cette situation est la conséquence de la précipitation dans leur création sans avoir, au préalable, mis en place une loi pour les régir. Dès lors, il était devenu impossible d’enjoindre à ces chaînes de revenir à leur vocation initiale. Ces chaînes sont tout, sauf des chaînes thématiques». «La loi sur l’audiovisuel n’a jamais été appliquée, l’essentiel n’étant pas dans l’élaboration d’une loi, mais dans son application», avait-il conclu.
M. K.
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