Erdogan veut rééditer le coup de 1830 et vendre le monde musulman à l’Occident
Par Karim B. – Un académicien algérien très au fait des questions liées à l’histoire de la «Régence» turque en Algérie a indiqué que la stratégie d’Ankara sous la conduite de Recep Tayyip Erdogan vise à rééditer le coup du 5 juillet 1830 en Algérie. «Le nouveau sultan turc n’aspire pas seulement à réinstaurer l’empire ottoman, mais veut également commettre le même crime que ses ancêtres qui a consisté à étendre ses tentacules à une bonne partie de l’Europe, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour ensuite livrer ces territoires à la colonisation occidentale, comme ce fut le cas en Algérie, en Egypte, en Syrie et ailleurs», souligne notre source.
«C’est dans cette perspective que le gouvernement d’Erdogan s’est engagé militairement dans le conflit syrien où la Turquie est en train de perdre son pari en raison de l’intervention de la Russie aux côtés du régime de Bachar Al-Assad», explique cette source qui précise que la décision d’Ankara d’envoyer des troupes en Libye participe de cette même logique, après que Recep Tayyip Erdogan eut échoué au Proche-Orient.
L’académicien rappelle que la présence turque en Algérie pendant près de quatre siècles a été travestie en «Régence», alors que «cet euphémisme cache une occupation indue du sol algérien qui ne diffère en rien du colonialisme français». «D’ailleurs, ce sont ces mêmes Turcs qui ont vendu l’Algérie à la France un certain 5 juillet 1830, alors que le général de Bourmont, conduisant son impressionnante flotte, peinait à vaincre les vaillants Algériens qui affrontaient l’armée française courageusement depuis le 14 juin, jusqu’à ce que la trahison du dey Hussein mette fin à cette résistance, en signant un pacte honteux avec la France, en vertu duquel les Turcs cédaient le territoire au nouvel occupant, moyennant maintien de ses privilèges bassement matériels.»
Dans la convention signée par le général en chef de l’armée française et le dey Hussein, il est stipulé que «le fort de la Casbah et tous les autres forts qui dépendent d’Alger seront remis aux troupes françaises ce matin, à dix heures (heure française)» (matin du 5 juillet, ndlr). En contrepartie de cette lâcheté, la France s’engage, lit-on dans le document historique, envers le représentant turc à Alger, «à lui laisser sa liberté et la possession de toutes ses richesses personnelles». En outre, le dey «sera libre de se retirer avec sa famille et ses richesses particulières dans le lieu qu’il fixera. Et tant qu’il restera à Alger, il y sera, lui et sa famille, sous la protection du général en chef de l’armée française». De Bourmont fit assurer la sécurité de l’abdiquant dey et celle de sa famille par une garde spéciale.
L’ancêtre d’Erdogan venait d’offrir l’Algérie à la France contre sa propre sécurité et la sauvegarde de sa fortune. Son descendant veut faire de même, en contrepartie de dividendes et d’accords économiques et diplomatiques avec les puissances occidentales dont il escompte qu’elles lui permettent enfin d’accéder à l’Union européenne.
K. B.
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