Le pouvoir acculé
Par Mounir Serraï – 2020 qui commence constitue une année charnière pour l’avenir du pays. Elle est entamée par les Algériens avec beaucoup d’incertitudes. Mais elle est tout aussi capitale pour les nouveaux dirigeants du pays qui vont bientôt être face à leurs promesses qu’ils doivent satisfaire et aux défis qu’ils doivent aussi relever.
Arrivé au pouvoir avec un déficit de légitimité criant, qui constitue politiquement un handicap de taille, le nouveau Président, issu d’une élection fortement rejetée par les Algériens, doit redoubler d’efforts pour tenter de relever un tant soit peu sa popularité et acquérir un semblant de légitimité. Il est donc très attendu sur le terrain de l’action afin qu’il joigne le geste à la parole, lui qui a promis d’aller vers une nouvelle République démocratique et un Etat de droit, lui aussi qui a promis de relancer la machine économique totalement grippée depuis de longs mois. Tout cela en faisant face à la pression de la rue. Car, le Hirak est parti pour durer dans le temps.
Les Algériens, très nombreux à sortir manifester les vendredis mais aussi avec les étudiants les mardis, ne sont pas près d’abandonner la lutte sans la satisfaction de leurs revendications qui consistent en l’instauration d’une nouvelle Algérie, où régneront le droit, la justice et la démocratie. La situation du pays est telle qu’il est difficile d’imaginer le nouveau pouvoir connaître du répit. Bien au contraire. Le temps lui sera compté et les attentes des Algériens, qui refusent désormais de se taire devant le pouvoir de fait, ne sont pas faciles à satisfaire. Cela surtout pour un pouvoir en manque de légitimité. Car, améliorer les indicateurs macroéconomiques et en même temps le pouvoir d’achat des Algériens dans un pays qui dépend entièrement des hydrocarbures et des importations n’est pas chose simple.
On a déjà vu par le passé les tensions suscitées par la volonté affichée par le pouvoir d’abandonner graduellement le système actuel de subventions de produits énergétiques et de première nécessité tels que le carburant, le sucre, l’huile et les céréales. Ces défis se conjuguent donc à une situation politique à grands risques. Tout dépendra de la volonté des nouveaux dirigeants à régler définitivement la crise politique, loin de toute ambition démesurée à vouloir asseoir durablement leur pouvoir.
M. S.
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