Un ballet diplomatique à Alger : l’Algérie reprend la main sur le dossier libyen
Par Karim B. – Le chef du gouvernement d’union nationale libyen, Fayez Al-Sarraj, et le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, se rendent à Alger pour «prendre la température» et connaître la position officielle de l’Algérie dans la guerre qui s’annonce en Libye. Les deux hommes tenteront, bien sûr, de gagner notre pays à leur cause, au lendemain de l’envoi de cargaisons d’aides humanitaires par les autorités algériennes qui ont voulu, par ce geste, montrer que l’Algérie continue de favoriser les voies pacifiques pour le règlement de la crise libyenne.
En parallèle à cette agitation diplomatique, l’armée algérienne a mobilisé ses troupes sur la frontières est pour parer à toute éventualité. Bien que refusant de s’immiscer dans les affaires internes de la Libye, et tout en s’opposant à toute ingérence étrangère dans ce pays voisin, l’Algérie ne peut demeurer les bras croisés et se contenter de dénoncer les velléités expansionnistes d’Ankara et d’Abu Dhabi qui se livrent une guerre par Libyens interposés.
Les capitales étrangères directement impliquées dans le conflit libyen ont attendu la mise en place d’un gouvernement en Algérie pour se tourner vers Alger et discuter avec le nouveau chef de l’Exécutif. Abdelmadjid Tebboune avait, pour rappel, évoqué le dossier libyen dès son investiture et réuni le Haut Conseil de sécurité pour discuter de cette question qui impacte la sécurité nationale d’une façon directe.
La crise politique intérieure a éloigné l’Algérie et sa diplomatie de ce dossier dans lequel elle a pourtant joué un rôle central. Le dialogue interlibyen avait commencé à donner des résultats concrets sur le terrain, avant que des pays rivaux ne parasitent le processus de paix en multipliant les réunions et les conférences. Un fait dénoncé par les Libyens eux-mêmes qui voyaient dans cette «dilution» des pourparlers une tentative flagrante d’empêcher une véritable solution telle que préconisée par Alger pour mettre fin à la guerre fratricide.
Abdelmadjid Tebboune a bien précisé que l’Algérie refuserait qu’elle soit écartée de toute proposition de solution à la crise libyenne. Une mise en garde qui s’adressait clairement aux différents protagonistes dans ce conflit dont les visées interventionnistes représentent un affront à l’Algérie et à son armée qui rejettent toute forme d’exacerbation du conflit à des fins de spoliation des immenses richesses souterraines que ce pays recèle. Non seulement l’Algérie est présente en Libye à travers le géant pétrolier national Sonatrach, mais elle suit de très près les développements de la situation explosive dans cette partie du Maghreb que les Emirats arabes unis et la Turquie veulent transformer en champ de bataille pour sauvegarder leurs intérêts et ceux de leurs alliés en Occident et dans le Golfe.
Il faut s’attendre à d’autres visites de hauts responsables de pays directement concernés par la crise libyenne dans les prochains jours car, tout le monde le sait, aucune solution n’est possible sans l’Algérie, quand bien même elle vit une crise politique interne profonde.
K. B.
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