Belhimer limoge les directeurs de l’ENTV et de l’Anep : le nettoyage a commencé
Par Kamel M. – Les directeurs de la Télévision gouvernementale ENTV et de l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep) ont été limogés ce mardi, apprend-on. Une première mesure qui devrait être suivie par d’autres.
Nous annoncions dans un précédent article que le nouveau ministre de la Communication allait devoir mettre les bouchées doubles pour opérer un grand nettoyage dans ce secteur dévoyé et chaotique. Les médias gouvernementaux ont joué un rôle extrêmement négatif ces derniers mois, commettant de graves dérapages qui ont exacerbé la colère des citoyens, à travers des commentaires provocants qui abondaient dans le sens des discours belliqueux de l’ancien chef d’état-major de l’armée.
De son côté, l’Anep continue d’être exploitée par le pouvoir comme moyen de chantage pour assurer sa mainmise sur la presse écrite. Détentrice du monopole sur la publicité institutionnelle, qui représente les trois quarts des annonces publiées dans les journaux, cette agence a été transformée en une véritable machine à sous par de hauts responsables politiques et militaires qui se servent de cette manne à travers le détournement des encarts vers des titres qui leur appartiennent et qui sont souvent dirigés par des prête-noms.
Le premier à inaugurer cette rapine par la publicité fut l’ancien conseiller politique de l’ex-président Liamine Zeroual, le général à la retraite Mohamed Betchine, dans le milieu des années 1990. L’ancien vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd-Salah, a puisé dans la même caisse, en fondant un journal régional à Annaba, dirigé par son fils, qui accapare trois pages de publicité par jour depuis de longues années, au grand dam de journaux autrement plus sérieux menacés de faillite faute de ressources.
L’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, avait tenté de briser ce monopole mais avait dû demander à être déchargé de sa fonction lorsqu’il avait compris que l’ancien président Bouteflika ne comptait pas se passer de cette «arme» de dissuasion. Pour rappel, la loi conférant le monopole à cette agence a été signé par Ahmed Ouyahia, alors Premier ministre.
Amar Belhimer semble avoir compris qu’il n’a pas de temps à perdre et sa réactivité est un signe qu’il veut réformer ce secteur sinistré en profondeur. Ses prédécesseurs avaient soit les mains liées et étaient empêchés d’agir pour garder la situation telle quelle, soit n’avaient pas le courage nécessaire pour donner un coup de pied dans la fourmilière.
Est-ce un premier pas vers la levée du monopole sur la publicité étatique qui a permis à des journaux parasitaires et des quotidiens médiocres de prospérer au détriment de la qualité et du professionnalisme ?
K. M.
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