Pourquoi l’Algérie est vue comme le seul pays à même d’éviter la guerre en Libye
Par Karim B. – De nombreux pays sérieusement inquiets par le risque d’escalade en Libye saluent le rôle joué par l’Algérie qui est entrée en jeu, tardivement, certes, mais de manière efficace, pour éloigner le spectre de la guerre dans ce pays. L’annonce par la Turquie de l’envoi de ses troupes à Tripoli pour affronter l’armée de Khalifa Haftar, homme-lige des Emirats et soutenu par l’Egypte, a suscité un véritable branle-bas de combat qui a poussé, y compris le président des Etats-Unis à menacer Ankara de représailles au cas où Recep Tayyip Erdogan persisterait à vouloir intervenir militairement en Libye.
Occupée par sa crise politique intérieure, l’Algérie s’est quelque peu détournée des questions internationales. Même la maladie de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika n’avait pas gêné la diplomatie algérienne dans sa mission de rétablissement de la paix dans ce pays voisin où tous les belligérants ont toujours salué la sincérité de l’Algérie dans ses efforts visant à faire se réconcilier les frères-ennemis libyens. L’ancien ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, avait été le seul responsable politique étranger à avoir pu rencontrer, en Libye même, l’ensemble des acteurs de la crise libyenne avec lesquels il a discuté du plan de sortie de crise proposé par l’Algérie et accueilli avec confiance par ses interlocuteurs.
L’appel d’Abdelmadjid Tebboune au Conseil de sécurité pour que cette instance internationale prenne ses responsabilités dans le dossier libyen est, en même temps, un message à tous les pays qui cherchent à intervenir dans ce dossier sans mandat onusien. L’Algérie a exprimé, par la voix du chef de l’Etat, son refus d’être écartée de toute recherche d’une solution politique négociée. La mise en garde d’Alger semble avoir été reçue cinq sur cinq par la chancelière allemande, qui a fini par convier l’Algérie à la rencontre de Berlin après l’avoir retirée de sa liste en raison de la crise politique qui affecte le pays.
L’Algérie présente l’avantage de se tenir à équidistance de toutes les parties au conflit en Libye, s’empêchant d’imposer son point de vue et ne soutenant aucun antagoniste au détriment de l’autre, contrairement à tous les autres partenaires étrangers de l’ancienne Jamahiriya en proie à une guerre civile dévastatrice depuis le renversement de Mouammar Kadhafi.
K. M.
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