Quand le ministère de l’Industrie devient un chemin maudit vers la prison
Par Nabil D. – Une quatrième ministre de l’Industrie est entendue par la gendarmerie dans des affaires de corruption et d’octroi d’indus avantages à des hommes d’affaires considérés comme proches de l’ancien cercle présidentiel. Djamila Tamazirt risque donc de rejoindre Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, les deux en prison, et Abdeslam Bouchaourab, objet d’un mandat d’arrêt international.
Le nouveau ministre, Ferhat Aït Ali, a accepté de présider aux destinées de ce secteur dont les premiers responsables, ses prédécesseurs, ont tous fini comme accusés. Il prend ainsi un gros risque, le secteur de l’Industrie jouant un rôle clé dans la politique de diversification des ressources financières du pays et qui engage donc des marchés juteux compromettants dans le contexte économique national gangréné par la corruption.
Ferhat Aït Ali aura-t-il les coudées franches pour mener à bien la délicate mission qui lui a été confiée, sachant qu’il sera dans le viseur des services concernés par la lutte contre le crime économique ? Il lui sera difficile en tout cas, notent des observateurs, de gérer ce département qui garde les stigmates laissés par quatre ministres dont la réputation a été entachée par les affaires. Il aurait sans doute fallu changer d’appellation à ce ministère, suggèrent ces observateurs, pour permettre au nouveau ministre d’entamer sa mission sans traîner le boulet de l’image laissée par ses prédécesseurs.
Au cœur de cette tempête, le très lucratif secteur du montage automobile qui a conduit en prison trois hommes d’affaires, trois ministres – la quatrième pourrait les suivre dans les jours à venir – et deux Premiers ministres. Après la chute drastique des cours des hydrocarbures, l’ex-président Bouteflika avait décidé de se tourner vers l’industrie pour pallier la crise financière qui se profilait à l’horizon, les réserves de change commençant à fondre comme neige au soleil, faute de les avoir réinvesties pour les fructifier. Mais la rapine et la vénalité aidant, ce secteur sur lequel l’Etat comptait pour pallier les pertes engendrées par la crise pétrolière s’est vite transformé en un piège qui a, au contraire, grevé les caisses de l’Etat au lieu de les renflouer.
Après le secteur de l’Energie souillé par les affaires Sonatrach I et II, c’est vers celui de l’Industrie que les regards se tournent désormais en tant que symbole par excellence de l’économie immorale.
N. D.
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