Le régime iranien ne bluffait pas : la troisième guerre du Golfe a commencé
Par Nabil D. – L’Iran annonce que ses tirs de missiles qui ont visé des installations de l’armée américaine en Irak auraient fait quatre-vingt morts. Le Pentagone minimise ce chiffre et parle de dégâts limités. Quel que soit l’impact de cette attaque, le fait est que la troisième guerre du Golfe a commencé et risque de durer longtemps.
De nombreuses capitales occidentales appellent à éviter l’escalade, craignant que le conflit se propage à toute la région du Golfe et provoque des bouleversements aux conséquences dramatiques sur l’ensemble de la planète. Le marché pétrolier s’affole déjà et présage une flambée des prix qui n’arrange ni les pays producteurs ni les pays consommateurs. Par ailleurs, la multiplication des zones de conflits et la persistance de la menace terroriste rendent le monde encore plus fragile et augurent une onde de choc qui touchera jusqu’aux pays qui pourraient se croire à l’abri des contrecoups de cette nouvelle confrontation armée entre Américains et Iraniens.
Le crash d’un avion ukrainien qui aurait explosé en plein vol alors qu’il décollait de l’aéroport de Téhéran cette nuit n’est pas fait pour arranger les choses. En froid avec son voisin russe, allié des mollahs, l’Ukraine s’empressera d’orienter son enquête vers la piste terroriste et ne manquera pas d’accuser la Russie d’être impliquée dans cet accident qui a fait 170 morts et qui a coïncidé avec l’attaque des deux bases américaines en Irak à partir d’Iran.
Par ailleurs, les divisions confessionnelles qui minent la société irakienne seront aggravées et pourraient allumer la mèche d’une guerre civile à laquelle se mêleront, comme au Yémen et comme le projettent la Turquie et les Emirats arabes unis en Libye, des forces étrangères qui rendront tout effort de paix quasi impossible. L’Irak, occupé par les Etats-Unis depuis l’invasion de mars 2003, est en partie soumis au diktat du régime chiite iranien, qui y a étendu ses tentacules jusqu’à devenir un acteur majeur dans la prise de décisions dans ce pays dont la souveraineté a été violée pour la seconde fois en quelques jours à peine, le général iranien Ghassem Soleimani ayant été assassiné à Bagdad.
Enfin, les Etats-Unis étant peu enclins à respecter la «légalité internationale», il n’y a rien à attendre de la réunion prévue par le Conseil de sécurité de l’ONU, si bien que Washington a poussé l’outrecuidance jusqu’à refuser le visa au ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, l’empêchant ainsi de se rendre au siège de l’ONU à la demande de son secrétaire général, Antonio Guterres.
N. D.
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