Pourquoi avoir attendu maintenant pour juger Feraoun dans l’affaire Kouninef ?
Par Nabil D. – D’aucuns s’interrogent sur les raisons qui ont fait que la très controversée ex-ministre de la Poste et des Télécommunications a été maintenue à son poste pendant quatre longues années alors que les soupçons de corruption et d’octroi d’indus avantages qui pesaient sur elle étaient dénoncés par plusieurs sources. Qu’est-ce qui a empêché la justice qui a été prompte à faire arrêter deux anciens Premiers ministres, plusieurs ministres et des hommes d’affaires proches de l’ancien cercle présidentiel de faire de même avec elle ?
Le maintien de Houda-Imane Feraoun dans le gouvernement Bedoui après la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika est sans doute l’aberration qui a suscité le plus d’interrogations. Son incompétence avérée n’a pas incité les tenants du pouvoir à la limoger, au point que l’Algérie se retrouve à l’avant-dernière place dans le classement mondial de l’accès à l’internet. Un député FLN n’avait pas pu retenir sa colère lors d’une intervention musclée durant laquelle il a dénoncé les discours pompeux de l’ex-ministre qui promettait d’exporter l’internet en Afrique.
Dès l’arrestation des frères Kouninef, des bruits avaient circulé sur une éventuelle convocation de Houda-Imane Feraoun par la brigade de gendarmerie qui enquêtait sur les passations de marchés irrégulières qui l’impliquaient directement. Mais elle ne sera entendue que plusieurs mois plus tard, une fois que Tebboune a mis fin à ses fonctions.
Selon nos confrères de Liberté, l’ancienne ministre cooptée par Saïd Bouteflika en 2015 a justement été entendue dans l’affaire des frères Kouninef. «La justice reproche à l’ancienne ministre d’avoir indûment agi pour défendre un contentieux lié à un marché octroyé aux Kouninef et d’avoir pesé de toute son autorité pour que cette entreprise aille jusqu’au bout du marché avec Algérie Télécom pour l’installation des cabines téléphoniques», rapporte le quotidien, qui précise, en se référant à des sources proches du dossier, que «les enquêteurs se sont notamment intéressés aux modalités d’octroi dudit marché, aux clauses du contrat qui avait lié Algérie Télécom aux Kouninef mais, surtout, aux irrégularités qui avaient émaillé les procédures d’octroi dudit marché et l’intervention de la ministre pour blanchir les Kouninef».
Houda-Imane Feraoun sera-t-elle aussi entendue dans l’affaire Huawei citée par le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, à Bruxelles, dans un discours au cours duquel il a cité l’Algérie comme faisant partie de trois pays où le géant chinois des télécommunications est impliqué dans des affaires de corruption ?
N. D.
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