Tebboune entame le chantier de la restructuration des services secrets
Par Abdelkader S. – Abdelmadjid Tebboune aurait rencontré d’anciens hauts responsables de l’ex-Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et de sa succédanée, la Coordination des services de sécurité (CSS). Selon des sources concordantes, le chef de l’Etat a décidé d’accélérer la réorganisation de ces services qui avaient été rattachés à l’état-major de l’armée par Gaïd-Salah après la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika.
Les services des renseignements, contrairement à une idée reçue, relèvent directement du président de la République en sa qualité de ministre de la Défense nationale. L’ancien chef d’état-major a, néanmoins, dérogé à la règle après la déchéance de Bouteflika et son remplacement provisoire par Abdelkader Bensalah, chef d’Etat intérimaire, complètement effacé, qui avait cédé l’essentiel des prérogatives du Président à l’ancien vice-ministre de la Défense, aggravant ainsi une situation qui était déjà aberrante. En effet, la désignation de l’ex-chef d’état-major de l’armée au poste politique de vice-ministre de la Défense était une entorse aux règles admises, le commandant des forces ne pouvant pas assumer, dans le même temps, une fonction au sein du gouvernement.
Cette erreur ayant été corrigée par Abdelmadjid Tebboune et le nouveau chef d’état-major par intérim, le général Saïd Chengriha, qui a préféré éloigner l’armée de la sphère politique pour éviter qu’elle soit prise à partie par le Mouvement de contestation populaire qui réclame l’instauration d’un Etat civil et non militaire, le nouveau Président s’attèle désormais à «reconstruire» les services secrets qui ont été rudement impactés par les décisions hasardeuses de Gaïd-Salah et sa propension à régenter toutes les structures de l’Etat, dont celle, très sensible, du renseignement, qu’il a utilisée pour mener sa politique de répression et d’intimidation «jusqu’au bout», avec la complicité d’une justice aux ordres.
Dans le sillage de ce «retour à la normale», il n’est pas exclu que les charges farfelues retenues contre les généraux Toufik et Tartag soient abandonnées, l’accusation de «complot contre l’Etat» n’étant qu’une couverture à laquelle Gaïd-Salah avait recouru pour régler ses comptes avec ses «adversaires» et les officiers «gênants».
Un grand travail attend Abdelmadjid Tebboune, qui aura besoin de s’appuyer sur les anciens officiers expérimentés, soit mis à la retraite, soit emprisonnés, pour affronter les graves menaces qui pèsent sur la sécurité et la stabilité du pays. Le rappel d’un certain nombre d’entre eux n’est pas exclu.
A. S.
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