Le discours de Chengriha vise à «armer» Tebboune contre les «feux amis»
Par Abdelkader S. – Le ton a changé depuis que le général Saïd Chengriha a pris les commandes de l’état-major de l’armée. Les propos belliqueux ont disparu des discours de l’institution militaire pour revenir à un rapprochement entre le peuple et son ANP. Mais le successeur de Gaïd-Salah envoie aussi des messages à destination de certains cercles qui semblent vouloir saboter l’action d’Abdelmadjid Tebboune visant à réduire le fossé qui sépare les citoyens révoltés contre le système et les tenants du pouvoir politique.
Le général Saïd Chengriha a bien précisé, dans son discours prononcé ce mercredi à partir d’Ouargla, où il supervisait un exercice militaire, que le président de la République, ministre de la Défense nationale et chef suprême des forces armées transmettait ses sentiments de reconnaissance aux soldats qui veillent à la sécurité de nos frontières dans ces moments de grands troubles. Cette précision n’est pas fortuite. Elle affirme la suprématie du chef de l’Etat sur l’ensemble des institutions, dont l’armée et les services de sécurité.
Le général Saïd Chengriha, qui s’est déchargé du lourd fardeau politique représenté par le poste de vice-ministre de la Défense nationale que Bouteflika avait créé pour Gaïd-Salah à des fins de calculs politiciens qui ont conduit à la crise actuelle, a réhabilité la fonction militaire d’une importance majeure qu’il occupe à la tête du commandement des troupes. Cette sage décision prise de concert par le successeur de Gaïd-Salah et le chef de l’Etat remet les choses en place et permet à Abdelmadjid Tebboune de jouir pleinement des attributions que la Constitution actuelle lui confère.
Aussi, l’insistance du général Saïd Chengriha sur cette question de séparation claire des missions, en s’adressant aux militaires, dans le volet politique de son intervention, à travers la voix du ministre de la Défense nationale et non pas la sienne, résonne comme un signal fort à l’adresse de ceux qui jouiraient de larges pouvoirs et d’une grande marge de manœuvre au sein même du pouvoir et pourraient être tentés d’interférer dans les prérogatives exclusives du président de la République ou essaieraient de s’opposer à ses décisions par des intrigues derrière les coulisses.
Les récentes rencontres entre Abdemadjid Tebboune et d’anciens hauts responsables des services des renseignements ne semblent pas être du goût des généraux qui avaient manœuvré pour adouber un autre candidat lors de la présidentielle controversée du 12 décembre dernier. Ces officiers, qui seraient sur la sellette, seraient toujours à la manœuvre pour tenter sinon d’empêcher, du moins de retarder leur mise à la retraite, le temps d’assurer leurs arrières.
Désormais, ils sont avertis.
A. S.
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