Non à la transitologie, ce 5e mandat sous d’autres burnous !
Par Saadeddine Kouidri – La majorité des pouvoirs de par le monde sont entre les mains de la minorité des peuples qui, grâce aux mêmes subterfuges, tentent d’affaiblir l’être en limitant sa liberté pour l’exploiter, l’asservir, l’humilier et le réduire parfois à l’état animal. La minorité ignore que la liberté n’est pas un luxe mais une qualité innée du vivant comme l’air qu’il respire.
Nous savons tous que les décideurs utilisent les élections comme une vitrine de la démocratie pour maintenir leur classe au pouvoir, en annihilant toute révolution qui a comme slogan : table rase notre «yetnahaw gaâ». Le vote est aujourd’hui presque universel. Il est pratiqué par les démocraties, par les armées, par les partis communistes et par les monarchies. Ils suivent tous le même protocole, sauf que leurs institutions portent des noms différents. Exemple, ici, la Cour constitutionnelle ; ailleurs, elle s’appelle la Haute Cour de justice et autres balivernes. Avant d’arriver à cette performance du mensonge pour donner l’illusion que la minorité est une majorité ou qu’un assassin est une victime, ils mènent la guerre perpétuelle à la vérité au but de remettre en cause les acquis sociaux des salariés, y compris dans les pays capitalistes et annihiler leurs revendications, leurs émeutes, leurs révoltes.
Cette stratégie remonte au premier pouvoir politique ou, du moins, celui que nous rapporte l’histoire, celui des Pharaons dont les prêtres dissimulaient à la majorité du peuple leur savoir scientifique pour faire croire aux paysans égyptiens que leurs maîtres avaient le don céleste d’anticiper sur le climat et prévoir les crues du Nil. On passe sur les illusions des philosophes créateurs des dieux, des rois et autres sorciers dont l’avant-dernier est le dollar du capitaliste usurpateur de la plus-value du travailleur, ou de l’exemplaire révolution de 1789, qui a duré deux ans, et dont les droits de l’Homme que le peuple parisien proclamait n’avaient pas empêché des exactions et le retour à la monarchie. Leur histoire taxe de démocrates des génocidaires, des esclavagistes, des sionistes… de l’empire romain à l’Etat d’Israël !
En ce qui nous concerne, le subterfuge de la minorité est de faire croire que l’ennemi à notre peuple est spécifiquement étranger. En étant étranger, le problème de la défense de la souveraineté se pose uniquement à l’armée et gare à celle ou à celui qui s’en mêle car il devient suspect !
Les oligarques s’en prennent à tous les acquis sociaux et particulièrement à celui qui libère le temps. Dans certains pays, la retraite a été capitalisée et, à la première crise financière, les retraités perdaient leur pension et beaucoup d’entre eux reprenaient le chemin de l’usine à un âge avancé. C’est cette feuille de route qui est imposée à Macron par ses maîtres de la finance, celle de briser la liberté qu’ont les Français âgés, qui vivent de plus en plus longtemps et sur qui le capitaliste a de moins en moins d’emprise contrairement aux salariés et autres fonctionnaires. Le but de l’oligarque est d’avoir sous sa coupe tout le monde, sans exception. Il veut gérer l’esclave.
Le mensonge, qui est à la base de toutes les politiques des minorités, a de plus en plus de difficulté à sévir. Et le monde actuel s’embrase grâce au partage de l’information sur les injustices des oligarques. Le dernier des citoyens sait que le riche s’enrichit démesurément et que le pauvre s’appauvrit de plus en plus.
Les guerres au Moyen-Orient sont un exemple : celui de permettre aux riches juifs israéliens, aux riches évangélistes, particulièrement étatsuniens, d’accaparer les terres palestiniennes qu’ils considèrent comme la terre sainte de leurs ancêtres, mais pas seulement.
La croisade entamée à la fin du XIe siècle n’en finit pas. Les croisés, ces pèlerins armés, n’étaient rien d’autres que des criminels qui assassinaient les musulmans, à l’instar des terroristes-islamistes pour glorifier leurs dieux à l’image des armées occidentales représentées par l’OTAN et Daech. Leurs forfaits, sans discontinuité pendant dix siècles à ce jour, prouvent que la morale est étrangère aux religions.
La lutte de libération nationale a été entamée par le FLN et achevée par le Comité interministériel de guerre (CIG), composé de Krim Belkacem, Abdelhafidh Boussouf et Lakhdar Bentobbal. Ceux-là mêmes qui avaient éliminé Abane en décembre 1957 pour s’incliner, quelques années plus tard, devant Boumediene.
Le civil doit démontrer que la défense de la patrie est de la prérogative de la majorité du peuple et non celle de sa minorité. Pour convaincre, il s’agit, ni plus ni moins, que le Hirak dure le temps d’accoucher de partis politiques et d’autres associations ; une société civile et une société politique capables d’égaler l’ANP dans la sécurisation du peuple, en toute circonstance, et de palier toute insuffisance d’une quelconque institution car l’ANP, héritière de l’ALN, a cet avantage sur la société politique, celui d’avoir défendu la patrie contre les hordes sauvages dans les années 90. Sur ce point l’écrasante majorité des politiques n’était pas tous d’accord, à commencer par ceux qui applaudissaient, et qui continuent à applaudir, les assassinats de ceux qu’ils nomment les «taghout», ces intellectuels comme Djaout, Alloula, Medjoubi et autres militants du progrès comme Aziz Belgacem, Ganzet, Chouaki, Sellami… les jeunes soldats et leurs braves officiers qui étaient légion ; les femmes et enfants égorgés, trucidés dans les chaumières. Un génocide que certains politiques approuvaient, surtout par leur silence ! Les politiques n’aborderont jamais le sujet, si ce n’est pour mettre leurs faiblesses sur le dos de l’Armée qui, depuis, a sur le politique un avantage qu’elle préserve et qu’ elle consolide, sachant que le FLN aujourd’hui ne peut pas se prévaloir de l’héritage du FLN héroïque pour mille et une raisons, dont celles d’avoir été un partenaire du FIS à Saint Egidio et de promoteur du 5e mandat…
Au court de la lutte de libération, on disait : nous ne combattons pas le peuple français mais la colonisation française. L’ennemi n’était pas le peuple français mais le pouvoir français. Il y avait donc le colonialisme et l’anticolonialisme. Dans les deux camps, ce n’était ni la nationalité ni la religion qui primait. On qualifiait cette lutte de Révolution et celles et ceux qui la menaient de révolutionnaires. C’est ce que confirmaient les deux premiers tracts, celui de la «Déclaration» du 1er Novembre 1954, signé par le secrétariat, et celui de l’ALN. Par la suite, ce qui était qualifié de combattant, de révolutionnaire devient moudjahed ! Pourquoi puisque la lutte, n’a jamais été un djihad, une guerre sainte, mais une guerre de libération d’autant plus que tous les indigènes étaient considéré, depuis 1947, comme Français musulmans.
La mort de Badji Mokhtar, Didouche, Benboulaïd, l’arrestation de Bitat, tous membres des 22. L’arrestation des 5 membres de la direction, Boudiaf, Aït-Ahmed, Ben Bella, Lachraf et Khider ; la mort de Benmhidi et de Abane atteignent mortellement le FLN et permet crescendo aux militaires de prendre l’ascendant sur le politique. A la fin de la guerre, du FLN, il n’en restait que sa diplomatie qui va se distinguer à Evian. Il y avait parmi les membres de la délégation Benaouda, membre des 22, qui, disait-on, représentait spécifiquement l’ALN de l’intérieur. Non seulement le FLN de l’intérieur n’avait pas son représentant et, en sus, l’ALN à Tunis se distinguait avec un opposant aux accords d’Evian qui était Houari Boumediene.
Il y a plus d’une façon d’asservir l’homme dont la plus connue est celle de croire que l’autre (individu, région, pays, continent) est inférieur. Nous savons tous que toute personne qui se croit supérieure à l’autre cultive un handicap sérieux, mental pour ainsi dire. Il y a une autre façon d’être raciste, elle est diamétralement opposée à la première, celle de la victimisation dont le sionisme est l’exemple type. Les juifs étaient les premières victimes du nazisme à la défaite, les rescapés se sont transformés en bourreaux du peuple palestinien, à croire que ce sont ceux qui collaboraient avec le nazisme qui ont écrit l’idéologie de l’Etat d’Israël. De collabo-nazi, le juif-collabo devient bourreau, tout en s’affichant comme une victime de ses voisins arabes. C’est le premier stratagème du pouvoir des minorités et particulièrement celui de l’Etat d’Israël. Une limite de la sphère d’influence est rappelée par Trump quand il affirme «mettre au pas l’Iran et aider Israël» et, pour le prouver, il assassine le général iranien.
S’il n’y a plus deux blocs antagoniques, il existe toujours deux sphères d’influence. Dans ce cas, tant que l’OTAN n’est pas démantelée, les pays africains ont le devoir de faire de la sécurité une priorité. La situation tragique du Mali et de la Libye suffit à le prouver. Il faut rappeler que l’armée du Mali était forte. Elle a perdu sa puissance, victime du sérum de la démocratie néocoloniale qui lui a été injecté. Elle est une des premières victimes de la transitologie. Quant à la Libye, elle n’avait pas d’armée moderne.
Les deux paradigmes existants se font la guerre et sortir de l’un pour s’engouffrer dans l’autre serait un échec car la transitologie, qui consiste à passer de l’autoritarisme à la démocratie, n’a permis, en fait, dans le monde qu’à remplacer un dictateur par un autre sous le leurre de la transition et, souvent, pour le pire, à l’exemple du 5e mandat qui aurait réussi la transition de la République à la monarchie.
Tous les régimes occidentaux apparaissent comme des démocraties. Cette démocratie qui se distingue d’un niveau de vie plus élevé que celui du reste du monde, dû à une croissance économique qui permet plus ou moins de liberté à ses citoyens. Depuis que la Chine est devenue une puissance mondiale dans tous les domaines sans «atteindre» la démocratie, elle met à mal la thèse qui affirme que la croissance économie mène vers la démocratie. Les soulèvements populaires ne peuvent, dans ce cas, se contenter de revendications sociales et politiques mais d’un changement radical, de table rase, notre «yetnahaw gaâ». C’est débarrasser le pays du moindre indice du 5e mandat. Cela va prendre du temps. Le temps suffisant qui permet de se prononcer aussi pour l’abrogation de l’article 2, pour une meilleure définition du rôle de l’ANP qui nous évitera une prise de pouvoir à la Gaïd, rendre l’égalité et la liberté d’opinion irréversible… dans la Constitution ; sinon, le boycott serait encore une fois de mise.
S. K.
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