L’affaire Saïd Bensedira révèle le degré de pourrissement des affaires en Algérie
Par Mohamed K. – La révélation faite par le journaliste exilé en Grande-Bretagne suite au mandat d’arrêt international lancé contre lui donne froid dans le dos. Saïd Bensedira affirme avoir découvert, selon des informations qui lui sont parvenues de sources proches du dossier, qu’un sous-officier à la retraite a usurpé l’identité d’un commandant des services de sécurité pour extorquer des fonds, en son nom et à son insu, à un homme d’affaires dont le lanceur d’alerte dénonçait les frasques.
Cet ancien militaire a réussi à ramasser la bagatelle de huit millions de dinars et à récupérer trois véhicules en contrepartie du silence supposé de Saïd Bensedira. Mais ce dernier n’étant au courant de rien, l’adjudant-chef a réussi à faire du chantage au businessman véreux sans que ni l’un ni l’autre ne soient au courant du subterfuge. Le journaliste s’est alors retrouvé impliqué dans une affaire dont il ignorait les tenants et les aboutissants jusqu’à la décision de la justice qui a révélé l’existence d’un réseau criminel, affaire gonflée sciemment à travers les outils de propagande toujours actifs.
Par-delà l’affaire elle-même, c’est l’étendue du phénomène du chantage qui inquiète. En effet, le paiement par l’homme d’affaires en question de cette somme colossale en contrepartie du silence du lanceur d’alerte est symptomatique d’une économie encore plus gangrenée qu’on eût pu le penser. De nombreux cas similaires ont été dénoncés sur les réseaux sociaux, mais ce dernier cas révèle que cette pratique s’est profondément ancrée dans les mœurs économiques du pays ces dernières années.
Elle prouve, en tout cas, que les passe-droits, le trafic d’influence, la corruption, les abus de pouvoir, l’octroi d’indus avantages, la collusion entre la sphère politique et l’argent sale ont prospéré au point que les fondements même de l’économie nationale ont été détruits, d’où la détérioration constante du climat des affaires dans le pays, aggravée par les procès en cascade impliquant une partie de l’oligarchie, tandis que l’autre, qui se trouvait du «bon côté», a été épargnée. Du moins pour le moment.
Combien d’hommes d’affaires ont «réussi» grâce à leur compromission avec les cercles de décision ? Combien d’entre eux ont payé les maîtres-chanteurs ou des intermédiaires escrocs pour éviter que leur business illégal s’ébruite ? Le saura-t-on un jour ?
M. K.
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