Les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron s’évitent-ils à Berlin ?
Par Abdelkader S. – Lors de la séance de prise de la photo des dirigeants présents à la conférence de Berlin sur la Libye, les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont paru distants l’un de l’autre. Le successeur de Bouteflika, qui revient au premier rang dans la disposition protocolaire des chefs d’Etat et de gouvernement dans pareilles circonstances, a semblé ne pas trop vouloir s’approcher du Président français qui, lui-même, était plutôt affairé à appeler les retardataires, le Russe Vladimir Poutine et l’Italien Giuseppe Conte, à rejoindre leurs homologues pressés de passer aux choses sérieuses.
Emmanuel Macron s’est posté à la droite d’Angela Merkel, chancelière du pays hôte, tandis que le chef du Kremlin était à la gauche du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Le chef de l’Etat algérien, placé à l’extrême gauche de la première rangée, échangeait notamment avec le président égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, qui ne le lâchait pas d’une semelle. Que se sont dit les deux hommes dont les pays sont directement concernés par la crise libyenne, l’Algérie et l’Egypte partageant avec la Libye une longue bande frontalière problématique et difficile à contrôler ?
On se rappelle que le Président français s’était contenté de «prendre note de l’élection d’un Président en Algérie», au lendemain du 12 décembre, date de la présidentielle imposée par l’ancien chef d’état-major et rejetée par la majorité des Algériens. Paris avait rectifié le tir, mais à un échelon moindre, par la voix de son Premier ministre, Edouard Philippe, qui avait appelé son homologue algérien, Abdelaziz Djerad, au téléphone dès sa désignation à la tête du gouvernement. Un geste par lequel la France voulait signifier aux nouvelles autorités algériennes que les différends politiques ne doivent pas empêcher les concertations sur les nombreuses questions qui lient les deux pays. Sans plus.
A Berlin, le froid entre Macron et Tebboune semble s’être confirmé. La France n’a visiblement pas encore digéré les attaques frontales du candidat du système contre l’ancienne puissance coloniale, dans ce qui s’apparentait, cependant, à une posture tactique visant à gagner les voix des partisans du panarabisme incarné par les chantres du «badissisme», une notion inventée dans les laboratoires secrets de Gaïd-Salah qui cherchait vainement, par cette manœuvre, à diviser le Hirak et à isoler la région frondeuse de la Kabylie. Cette dernière lui a rendu une réponse cinglante en empêchant la tenue de l’élection présidentielle qu’il avait imposée à partir d’une caserne, malgré ses menaces.
On ne sait pas, à l’heure où nous rédigeons ces lignes, si Tebboune et Macron vont se rencontrer en tête-à-tête dans la capitale allemande, en marge de la conférence sur la Libye, ou si le nouveau locataire d’El-Mouradia va rééditer le coup de Liamine Zeroual avec Jacques Chirac à New York, en 1995.
A. S.
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