Attitudes contradictoires : y a-t-il deux centres de décision au sein du pouvoir ?
Par Abdelkader S. – D’aucuns se demandent si, en haut lieu, il n’y aurait pas deux centres de décision qui s’entrechoquent. Les contradictions entre le discours d’apaisement d’Abdelmadjid Tebboune et la reprise de la répression et des arrestations démontrent, en tout cas, que l’attitude des tenants du pouvoir n’est pas cohérente.
Que se passe-t-il ? Certains pensent que des cercles malintentionnés s’échinent à saboter les efforts du chef de l’Etat qui s’est tourné, dès sa prise de fonctions, vers des personnalités proches du Hirak, même si ce dernier ne leur reconnaît pas le droit de parler à leur nom et qu’eux-mêmes ne prétendent pas être les représentants du Mouvement de contestation populaire. Mais le choix fait par Tebboune de prendre l’avis d’anciens responsables politiques qui se sont opposés ouvertement à sa propre élection dénote d’une orientation qui abonde dans le sens des choix démocratiques et républicains voulus par la majorité.
Cette posture de Tebboune, qui semble avoir surpris une partie du sérail qui s’attendait à en faire un «trois quarts de Président», dérange apparemment cette frange du pouvoir qui chercherait à entraver son action en se servant du Hirak, comme l’ont fait ceux qui s’y sont appuyés pour pousser l’ex-président Bouteflika vers la porte de sortie et sauver le système. Les provocations qui se sont multipliées après un premier vendredi post-prestation de serment par Tebboune calme et sans dépassements tendent à confirmer cette thèse.
Depuis mardi dernier, les choses ont changé : la police, la gendarmerie et la justice ont été instruites à nouveau – par qui ? – de reprendre leurs anciennes pratiques, interdisant l’accès à la capitale, procédant à des arrestations et prononçant des peines de prison pour les mêmes charges fallacieuses – attroupement, port de l’emblème amazigh, etc. – qu’on croyait révolues. Au moment où les interlocuteurs d’Abdelmadjid Tebboune exigent la libération de tous les détenus politiques avant d’envisager un dialogue qui semblait cheminer vers une réussite relative et susciter moins de scepticisme que les précédentes tentatives échouées, le pouvoir nage à contre-courant et coupe la branche sur la laquelle il est assis.
Abdemadjid Tebboune joue-t-il un double jeu ou est-il freiné dans sa stratégie par des officines occultes, celles-là mêmes qui voulaient voir un autre candidat que lui occuper le palais d’El-Mouradia ?
A. S.
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