Tebboune à Berlin : ces médias qui enflent le protocole et noient l’essentiel
Par Kamel M. – Les médias à la solde du pouvoir s’en sont donné à cœur joie hier. Absentes de la conférence de Berlin mais reprenant en boucle les images diffusées à partir de la capitale allemande, les chaînes de télévision se sont tellement focalisées sur les détails protocolaires qu’elles ont oublié l’essentiel. Le départ d’Abdelmadjid Tebboune pour Berlin, son arrivée sur place, son déplacement à la salle où devait se tenir la conférence, sa photo avec la chancelière allemande et le secrétaire général des Nations unies, ses échanges en off avec certains de ses homologues sont autant de faits «accessoires» qui ont polarisé toute l’attention de ces médias, heureux de voir enfin l’Algérie représentée hors des frontières par un Président debout, placé à la première rangée sur la photo de famille de la conférence de Berlin sur la Libye.
Ces médias, qui jubilent ainsi de voir le successeur de Bensalah reçu «en grande pompe» et «tenir la dragée haute» aux autres chefs d’Etat présents à Berlin, s’enfièvrent pour un protocole tout à fait ordinaire, qui plus est a montré le poids de chaque dirigeant présent à ce rendez-vous qui concerne l’Algérie directement. On a vu un président français placé directement à la droite de la chancelière du pays hôte, tandis que le secrétaire général de l’ONU se tenait à sa gauche, dans un choix des positions exceptionnellement précis.
L’Algérie et l’Egypte ont été sciemment «excentrées» bien qu’elles jouent un rôle central dans le dossier libyen. Une quasi-«exclusion» ressentie par le Président égyptien, qui se tournait résolument, et avec insistance, vers son homologue algérien dans une sorte d’«alliance» entre pays sous-estimés mais par les «grands de ce monde» réunis en Europe pour décider du sort à réserver à la Libye.
«La propagande véhiculée par les médias qui continuent d’adopter la même attitude que sous le règne éphémère de Gaïd-Salah, en détournant l’attention de l’opinion nationale des questions essentielles, n’aidera pas Abdelmadjid Tebboune et le gouvernement Djerad à gagner la confiance de la majorité, qui continue de manifester pour réclamer le changement radical du système, et à réduire le fossé qui sépare le citoyen de l’establishment», notent des sources qui regrettent que «le professionnalisme ne soit pas au rendez-vous dans ce genre d’événements internationaux qui engagent directement les intérêts du pays et sa sécurité et ne sauraient servir de moyen pour glorifier le détenteur du pouvoir pour le seul but de plaire aux décideurs du moment».
K. M.
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