Saïd Chengriha recadre sévèrement le directeur de la sécurité intérieure
Par Mohamed K. – Le chef d’état-major par intérim aurait lancé une sévère mise en garde au patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Le général Saïd Chengriha aurait rappelé à l’ordre le général Wassini Bouazza pour avoir outrepassé ses prérogatives, selon le journaliste algérien exilé à Londres, très au fait des affaires militaires, Saïd Bensedira.
Le coup de gueule de l’ancien chef des forces terrestres serait dû à une enquête que le responsable de la DGSI aurait ordonnée et qui aurait ciblé un commandant de Région militaire et un chef de division. Le général Saïd Chengriha aurait été pris d’une grande colère dès qu’il a été informé de cette affaire et aurait averti l’ancien protégé de Gaïd-Salah qu’il ne permettrait pas de tels dépassements à l’avenir, les enquêtes concernant les militaires relevant exclusivement de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA).
Au lendemain de la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika, l’ancien vice-ministre de la Défense a placé sous son autorité les services des renseignements qui, normalement, relèvent directement du ministre de la Défense nationale de plein exercice, donc du président de la République. Gaïd-Salah a ajouté une seconde aberration à une première que de nombreuses voix avaient dénoncée sans que le Président déchu ait jugé utile de corriger sa grave erreur. La double casquette de Gaïd-Salah en tant que commandant des troupes et membre du gouvernement a créé une confusion qui conduira, au lendemain de l’éviction de Bouteflika, à une concentration des pouvoirs entre les mains de l’ancien chef d’état-major qui s’était autoproclamé implicitement Président par intérim, accaparant les prérogatives normalement échues au très effacé Abdelkader Bensalah.
Après l’avènement d’Abdelmadjid Tebboune au pouvoir et le décès de Gaïd-Salah, le successeur de ce dernier a pris la décision d’éloigner l’institution militaire de la sphère politique en se déchargeant de la fonction de ministre de la Défense nationale. Mais les aberrations héritées de son prédécesseur ont eu des conséquences négatives sur la cohésion entre les différentes institutions sécuritaires. D’où la nécessité, selon des observateurs avertis, d’accélérer les changements qu’Abdemadjid Tebboune compte entreprendre pour revenir à une situation normale et reconstruire ce que Gaïd-Salah a détruit.
La désignation de l’ancien directeur de cabinet du général Toufik en tant que conseiller à la présidence de la République et les audiences accordées à d’anciens hauts responsables de l’ex-DRS et de la CSS semblent démontrer que le successeur de Bouteflika est conscient qu’il faille remettre les services de sécurité entre les mains d’officiers expérimentés et d’en écarter les militaires étrangers à l’institution, qui y ont été placés par Gaïd-Salah dans le cadre des règlements de comptes auxquels il s’était adonné et qui avaient ciblé de nombreux hauts gradés, dont les deux anciens patrons des services secrets, les généraux Toufik et Tartag, toujours incarcérés.
M. K.
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