Quand le ministre du Commerce singe Gaïd-Salah ou la gestion par l’esbroufe
Par Abdelkader S. – La prestation théâtrale du ministre du Commerce a fait le tour de la Toile. Haussant le ton, menaçant par le verbe et le geste la «mafia du lait» qui sera «combattue sans ménagement», le ministre qui fait ses tout premiers pas dans les hauts et vertigineux orbes du pouvoir a donné lieu à des commentaires railleurs. «Et comment comptez-vous vous y prendre là où tous vos prédécesseurs qui s’adonnaient aux mêmes gesticulations inefficaces que les vôtres se sont cassé les dents ?» demande un internaute, tandis qu’un autre voit dans cette mise en scène grotesque une «imitation machinale de Gaïd-Salah qui multipliait les promesses de répression mais qui a échoué à faire taire le mouvement de contestation qui se poursuit, y compris après sa mort».
Une façon de dire que si même l’homme fort du régime n’a pas réussi à mettre à exécution ses menaces, comment lui, le ministre novice, pourra-t-il affronter une mafia qui domine la sphère commerciale et une corruption qui a gangréné l’économie jusqu’à rendre la lutte quasi impossible contre ce phénomène ? «Ce n’est pas en faisant du cinéma et en amusant la galerie que le gouvernement réussira à rétablir la confiance rompue entre le pouvoir, qui a fait preuve de son incompétence depuis des décennies, et le peuple majoritaire, qui exprime son rejet de ce système fondé sur la bravade et la jactance», commente un autre citoyen.
Les médias à la solde du pouvoir, qui continuent, par ailleurs, d’imposer un blackout total au mouvement de contestation populaire, continuant ainsi à obéir aux ordres des officines qui tirent les ficelles dans l’ombre, multiplient les couvertures des coups de gueule de circonstance de certains walis – en quête de gloire ou voulant sauver leur peau à la veille du vaste mouvement que Tebboune vient d’opérer dans ce corps – qui malmènent des sous-fifres non sans avoir, au préalable, fait appel aux chaînes de télévision pour relayer la «colère» de ces commis de l’Etat qui découvrent «médusés» que rien ne marche dans la wilaya dont ils sont censés pourtant être les premiers magistrats.
«Ce m’as-tu-vu caricatural est d’autant moins productif qu’il pourra coûter sa place à ce ministre du Commerce lorsque les citoyens constateront qu’à la tête de ce département siège un fanfaron qui gaspille sa salive et rue dans les brancards au lieu de retrousser les manches et d’affronter la réalité par les actes», note un observateur averti qui explique ces fanfaronnades par le fait que tous ces responsables «tentent vainement de surmonter le complexe de l’illégitimité dont ils souffrent en détournant toujours la colère des citoyens vers des coupables soit de grade inférieur, soit étrangers au pouvoir».
A. S.
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