Alger somme Abu Dhabi de s’expliquer sur sa base militaire en Mauritanie ?
Par Mohamed K. – Les visites «privées» de hauts dignitaires émiratis au Maroc et en Mauritanie ne disent rien qui vaille. Hier, le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis était en déplacement en Algérie où le dossier libyen aurait officiellement était à l’ordre du jour mais, selon toute vraisemblance, l’émissaire des Al-Nahyane a dû être «sommé» de s’expliquer sur la base militaire que les Emirats arabes unis envisagent d’implanter dans le nord de la Mauritanie.
En effet, de nombreuses sources ont fait état d’un projet d’aéroport militaire qu’Abu Dhabi compte construire au plus près des frontières algériennes, lequel projet suscite de sérieuses inquiétudes à Alger, d’autant que son objectif n’est pas clair. Selon ces sources, qui se réfèrent à des responsables militaires mauritaniens, des hauts gradés émiratis tiennent des réunions régulières avec leurs homologues mauritaniens pour faire aboutir cette entreprise, qui ajoute une menace supplémentaire sur la sécurité de l’Algérie qui s’en trouve ainsi «encerclée».
Les richissimes pétromonarchies du Golfe cherchent clairement à exporter leur conflit vers le Maghreb où se jouent de gros intérêts économiques. La Libye est devenue leur terrain de prédilection et la position de l’Algérie par rapport au dossier libyen dérange les belligérants qui considèrent les efforts de paix engagés par Alger comme une entrave à leurs velléités expansionnistes, visant à accaparer les richesses de ce vaste pays convoité depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi.
L’Algérie est à la fois opposée à l’intervention militaire souhaitée par la Turquie et aux ardeurs bellicistes de Khalifa Haftar, vassal du ministre émirati de la Défense qui équipe son armée dans la Cyrénaïque et le pousse à envahir Tripoli pour asseoir son hégémonie sur l’ensemble du territoire libyen. Cette position vaut à l’Algérie d’être perçue comme une entrave à ce projet de recolonisation qui ne dit pas son nom. D’autant que l’armée algérienne a lancé une sévère mise en garde, en effectuant un exercice près de la frontière libyenne à la veille de la tenue de la conférence de Berlin de laquelle l’Algérie avait failli être exclue. Il aura fallu que le Président fraîchement arrivé au pouvoir avertisse les organisateurs de cette rencontre du refus catégorique de l’Algérie de se voir écartée de toute recherche de solution en Libye pour que l’Allemagne et ses alliés européens daignent l’inviter à cette rencontre, marquée par l’absence du Maroc et de la Tunisie.
Certains pays du Maghreb et du Sahel sont tentés par l’implantation de bases militaires étrangères sur leur territoire, en contrepartie d’avantages financiers, économiques et militaires. Une information sur un projet de base américaine en Tunisie avait provoqué une grande polémique, tandis que le Niger avait fait parler de lui lorsqu’il avait annoncé la présence sur son territoire de militaires américains stationnés dans le nord du pays. Aujourd’hui, c’est au tour de la Mauritanie d’attenter à la sécurité du Maghreb, en offrant son territoire à l’intrépide militariste Mohamed Ben Zayed.
M. K.
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