L’empreinte
Par Mounir Serraï – Les travailleurs algériens ont commémoré aujourd’hui le 23e anniversaire de l’assassinat d’Abdelhak Benhamouda, ancien secrétaire général de l’UGTA. Cette commémoration intervient dans un contexte particulier marqué par les bouleversements politiques qu’a connus le pays depuis le déclenchement du Mouvement de protestation populaire et pacifique le 22 février dernier.
Le défunt Abdelhak Benhamouda avait laissé son empreinte indélébile au sein de la Centrale syndicale. Il était connu pour son engagement en faveur des travailleurs et de la nation. Durant la décennie noire, il était l’un des membres fondateurs du Comité national de sauvegarde de l’Algérie (CNSA), créé après l’arrêt du processus électoral en 1992. Il avait d’ailleurs été assassiné par des terroristes le 28 janvier 1997 devant la Maison du peuple, qui abrite le siège de l’UGTA.
Aujourd’hui, quel devenir pour la Centrale syndicale dans ce nouveau contexte politique où les forces traditionnelles semblent être, du moins pour le moment, en retrait. Cela alors que la rue continue à accueillir des dizaines de milliers de manifestants tous les mardis et les vendredis qui veulent aller vers un changement profond du système de gouvernance. L’UGTA, qui a perdu de sa verve et de son punch en raison de la longue et étroite proximité avec l’ancien régime, peine à retrouver un nouveau souffle dans un contexte socioéconomique explosif. Son rôle et son efficacité sont mis à rude épreuve, notamment en raison de l’avènement de nouvelles organisations socioprofessionnelles plus percutantes et plus offensives en matière de revendications et de défense des droits des travailleurs.
Pour de nombreux observateurs, cette organisation syndicale, fondée durant la Guerre de libération nationale, joue sa survie. Car, si jusque-là elle bénéficie d’une place particulière sur la scène socioéconomique, voire même politique grâce à la politique du pouvoir en place, rien ne lui garantit à l’avenir le même traitement et le même statut. La demande populaire aujourd’hui va vers l’ouverture réelle de tous les champs, syndical, politique et médiatique. Une véritable ouverture qui permettrait l’avènement de nouvelles forces syndicales qui pourraient disputer à terme son statut à la Centrale syndicale. Cela surtout lorsque l’on sait que bien des secteurs sont déjà conquis par des syndicats autonomes, notamment ceux de l’Education, de l’Enseignement supérieur, des Transports, de la Justice et de la Santé.
Si elle reste encore seule dans les secteurs économiques, comme l’Energie, la sidérurgie, le textile et la manufacture, les choses peuvent évoluer rapidement avec le renforcement du tissu économique privé. De nombreux observateurs misent ainsi sur sa mue pour pouvoir se redéployer sur le terrain de la lutte syndicale.
M. S.
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