Les médias pro-pouvoir peinent à se défaire du réflexe de «Son Excellence»
Par Mohamed K. – Tebboune par-ci, Tebboune par-là. Des observateurs avisés ont constaté que les médias pro-pouvoir persévèrent de façon encore plus ostensible dans leur flagornerie excessive à l’égard du successeur d’Abdelaziz Bouteflika. «Le nouveau chef de l’Etat avait demandé, dès sa prise de fonctions, que soit abandonnée la formule superfétatoire qui avait marqué le long règne, sans partage, de l’ancien président-roi, mais le sevrage semble difficile pour des médias qui se sont longtemps habitués à brosser dans le sens du poil avec zèle», notent ces observateurs.
«Que l’ensemble de la presse nationale focalise sur les activités du président de la République qui engagent l’avenir du pays et qui relève de sa stature de chef de l’Etat, cela est tout à fait normal. On ne peut accuser les médias d’en faire trop quand il s’agit de soutenir le représentant de l’Algérie dans des forums internationaux, comme cela a été le cas récemment à Berlin, en Allemagne, ou encore à Alger, dans le cadre des efforts consentis par l’Algérie pour le règlement de la crise libyenne», expliquent ces sources. «Mais de là à rabaisser la fonction du chef de l’Etat à celui d’un simple maire ou même d’un ministre, il y a un pas à ne pas franchir», soulignent ces observateurs qui regrettent que l’abandon de «Son Excellence» ait été «comblé» par des informations qui attentent à la fonction présidentielle.
«Est-il normal que les chaînes de télévision reprennent en chœur et diffusent en boucle une information sur une aide accordée à un éleveur dont le cheptel a été volé en impliquant le président de la République dans un fait divers qui concerne les autorités locales ?» s’interrogent nos sources qui prennent également comme exemple la décision de rapatrier les étudiants algériens de la ville de Wuhan, épicentre du coronavirus : «Est-il nécessaire de préciser que c’est le Président lui-même qui a donné l’ordre ?» se demandent ces observateurs qui font remarquer que ceci relève d’une «mauvaise communication qui, non seulement concentre à nouveau toutes les prérogatives entre les mains du premier magistrat du pays comme durant les quatre mandats de Bouteflika où toutes les actions étaient menées grâce au directives éclairées de Son Excellence Monsieur le président de la République Abdelaziz Bouteflika, mais elles éliminent tous les autres responsables dont la mission se résumerait à une exécution machinale des ordres émanant encore et toujours d’El-Mouradia».
M. K.
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