Un projet peu clair
Par Mounir Serraï – Vingt jours après l’installation du comité d’experts présidé par Ahmed Laraba, la Présidence de la République apporte des précisions et tente de convaincre de la sincérité et du sérieux de sa démarche visant à réviser en profondeur la Loi fondamentale.
Le nouveau communicant tout désigné de la Présidence n’est autre que Mohamed Laagab, directeur de la communication de la campagne électorale d’Abdelmadjid Tebboune, aujourd’hui chargé de mission. Devant un parterre de journalistes triés sur le volet, Mohamed Laagab s’est échiné à vendre cette énième révision de la Loi fondamentale comme une véritable «rupture» avec toutes les pratiques du système depuis l’indépendance.
«Des révisions constitutionnelles, il y en a eu, mais c’est pour la première fois que le processus commence par une mouture qui servirait de base pour ouvrir un débat qui permettrait de l’enrichir, de la réaménager et de la corriger», affirme ce professeur d’université qui encense, bien évidemment, la démarche du président Abdelmadjid Tebboune qu’il juge «intéressante» en ce sens qu’elle permettrait à tous les Algériens de donner leurs avis à travers les organisations de la société civile, les partis, les médias, le Parlement et, enfin, le référendum populaire.
Enumérant les sept axes de la réforme, Laagab estime qu’il s’agit du «premier acte fondateur de la nouvelle République». Mais quelle République ? C’est justement à cette question que les Algériens attendent une réponse. Et le chargé de mission ne dit pas plus que le président Tebboune. Autrement dit, ce projet constitutionnel vise à réduire les pouvoirs du président de la République et à séparer effectivement le pouvoir exécutif du législatif et du judiciaire.
Ce que ne disent pas le chargé de mission, Mohamed Laagab, et le président Tebboune dans sa lettre d’installation du comité d’experts, c’est à qui profiterait la réduction des pouvoirs du président de la République. Au Parlement ? Au Premier ministre ? Si ses objectifs sont tout tracés, le contenu du projet de révision demeure peu clair. C’est pour cette raison que la Présidence insiste plutôt sur les différentes étapes que suivra ce processus de révision de la loi Fondamentale.
Ce projet va-t-il être le fruit de la contribution de tous les acteurs de la vie politique, syndicale, sociale et médiatique nationale ? Le président Tebboune va-t-il présenter une mouture proche des attentes des Algériens, qui aspirent à l’avènement d’un véritable Etat de droit, démocratique et respectueux des libertés individuelles et collectives ? Réussira-t-il à convaincre la majorité des Algériens de la pertinence de sa démarche ? Le pari s’annonce difficile.
M. S.
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