Le ballet diplomatique turc et émirati en Algérie n’était qu’une diversion
Par Mohamed K. – La réponse par trop prompte du Président turc à son homologue algérien de se rendre en Algérie a soulevé de nombreuses interrogations. Recep Tayyip Erdogan s’est, en effet, rendu dans notre pays quelques jours à peine après qu’Abdelmadjid Tebboune l’eut invité en marge de la conférence de Berlin. «On aurait pu croire à une urgence dictée par la dégradation de la situation en Libye, mais qu’Erdogan se soit déplacé lui-même et aussi rapidement en Algérie pour être le premier Président étranger à être reçu par la nouvelle direction politique contestée, cela cachait bien une intrigue quelque part», indiquent des sources proches du dossier libyen.
A peine la visite d’Erdogan était-elle achevée que le ministre émirati des Affaires étrangères atterrissait à Alger, porteur de messages d’Abu Dhabi relatifs à la crise libyenne mais aussi au rapprochement entre l’Algérie et la Turquie que les Emirats voient d’un mauvais œil. L’arrogant prince héritier Mohamed Ben Zayed a dépêché son proche à Alger pour transmettre une invitation à Tebboune, les Al-Nahyane estimant que c’est au chef de l’Etat algérien de faire le premier pas et non pas l’inverse, surtout que les Emirats ont joué un rôle déterminant dans les tentatives de briser le Mouvement de contestation populaire pour sauver le régime en place.
«Ces appels du pied d’Ankara et d’Abu Dhabi ne sont qu’une diversion. Acculés par la conférence de Berlin, la Turquie et les Emirats sont obligés de montrer patte blanche au lendemain du rendez-vous international de Berlin, fortement médiatisé, et auquel ont pris par les principales puissances mondiales, dont la Russie, les Etats-Unis et l’Union européenne représentée par son moteur, le couple franco-allemand», notent nos sources qui rappellent qu’Ankara et Abu Dhabi faisaient coïncider la visite de leurs représentants à Alger par le déversement de quantités colossales d’armements à leurs alliés respectifs en Libye.
Cette information a été confirmée par des sites spécialisés occidentaux qui parlent de tonnes d’armes envoyées à l’armée de Fayez Al-Saraj et aux troupes de Khalifa Haftar, soit l’équivalent, en quelques jours, de ce que ces deux pays avaient l’habitude de fournir en une année aux belligérants libyens. Pendant que les caméras étaient braquées sur Berlin et Alger où se tenaient des discussions en vue d’aboutir à une solution politique à la crise libyenne et à éloigner le spectre de l’intervention militaire étrangère, Erdogan et Ben Zayed alimentaient subrepticement la guerre à nos frontières.
M. K.
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