Comment les quatre pays du Maghreb ont remballé les Turcs et les Emiratis
Par Nabil D. – La reprise en main du dossier libyen par l’Algérie a été suive de deux décisions majeures prises distinctement par nos deux voisins de l’Ouest. La crise libyenne aura eu le mérite, notent de nombreux observateurs, de rapprocher les points de vue de tous les pays du Maghreb sur au moins un point : celui de refuser toute tutelle et toute intervention étrangère dans la région. «Bien que faisant chacun cavalier seul, pour le moment, ces pays ont prouvé, chacun de son côté, qu’au fond, ils sont d’accord pour que le Maghreb soit uni face aux nombreuses tentations hégémoniques des pays qui tentent aujourd’hui d’occuper cette région stratégique que représente l’Afrique du Nord par la Libye, livrée à une guerre civile dévastatrice depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011».
La première salve a été tirée par l’Algérie qui, par la voie d’Abdelmadjid Tebboune, avait mis en garde contre toute tentative d’éloigner l’Algérie d’une recherche de solution à la crise libyenne. Une mise en garde suivie immédiatement par un exercice militaire d’envergure au plus près des frontières avec la Libye. Le Président tunisien a, pour sa part, refusé de se rendre à Berlin en arguant que les parrains de la conférence sur la Libye ont attendu la dernière minute pour l’inviter à ce rendez-vous consacré à une question qui, pourtant, concerne directement la Tunisie, qui partage avec la Libye une longue frontière et qui accueille sur son territoire une forte communauté libyenne fuyant la guerre.
Plus récemment, le Maroc aurait convoqué l’ambassadeur de Turquie à Rabat pour exiger des explications sur la décision de la Turquie d’envoyer des troupes au sol en Libye, violant ainsi les accords de Skhirat. Rabat aurait même rappelé son ambassadeur d’Ankara pour «consultations», preuve, selon certaines indiscrétions, que le torchon brûle entre le Maroc et la Turquie qui ne seraient pas loin de la rupture des relations diplomatiques.
Enfin, la Mauritanie vient d’asséner une gifle cinglante à l’homme fort du régime émirati, le va-t-en-guerre ministre de la Défense, Mohamed Ben Zayed, à qui Nouakchott vient d’opposer une fin de non-recevoir à son projet d’implantation d’une base militaire dans le pays. Les autorités mauritaniennes viennent, en effet, d’affirmer qu’elles n’ont à aucun moment donné leur accord pour la construction d’une base émiratie sur leur sol, tout en soutenant qu’une coopération militaire existe bel et bien entre les deux pays.
N. D.
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