Le parti au pouvoir en Italie estime que le «deal du siècle» viole les droits des Palestiniens
De Rome, Mourad R. – Fidèle à son histoire récente, aux idées base de ses fondateurs, le Mouvement des 5 étoiles qui, depuis sa victoire aux élections générales en mars 2018, a désigné par deux fois Giuseppe Conte à la présidence du Conseil en Italie, n’a pas manqué de fustiger, sans détours, l’arbitraire contenu dans «le deal du siècle» portant sur la paix au Proche-Orient, présenté il y a quelques jours par le président américain, Donald Trump, à la Maison-Blanche et y a vu un parti pris inacceptable en faveur de l’occupant israélien.
Ce Mouvement, qui se veut l’héritier d’une certaine politique de proximité avec le monde arabe et d’attachement au droit international, cumule aussi, à travers Luigi Di Maio, la direction de la diplomatie italienne, qui, bien que résolument atlantique et européenne, revendique de plus en plus, et à haute voix, de pouvoir jouer pleinement sa dimension méditerranéenne.
C’est ainsi que sitôt l’annonce des détails du plan américain, le Parlement italien s’est réuni pour en jauger le contenu et fournir des indications au gouvernement, susceptibles d’orienter une position claire, argumentée et, surtout, conforme aux principes qui dictent la politique étrangère de ce pays.
Et c’est au cours d’un débat animé que la position du Mouvement des 5 étoiles a été lue, par un des ténors du parti, en l’occurrence Pino Cabras, président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des députés, qui, d’emblée, a tenu à mettre au clair certaines lignes directrices de cette formation, en soulignant que «le plan concocté par le gendre du président américain, Jared Kushner, violait les principes du droit international, des droits des peuples, de la praticabilité géographique et de l’équité dans le partage des ressources du territoire».
«Or, poursuit Pino Cabras, nous sommes là en face d’un citron pressé, coupé au ciseau pour satisfaire les positions des faucons israéliens ; l’eau est apanage exclusif de l’occupant et les Palestiniens sont entourés de partout sans aucune souveraineté. Cette humiliante proposition de paix ne pourra jamais aboutir, car sans justice il n’y aura jamais de paix !
De même, les arguments fallacieux mis en avant dans la rédaction de ce texte ont pour but d’humilier davantage un peuple qui n’aspire que vivre librement sur sa propre terre. Un plan qui, certes, plaira beaucoup aux bases électorales de ses deux inspirateurs, les extrémistes proches de Netanyahou et les chrétiens Born Again de Donald Trump, mais pour nous ce deal du siècle est mort-né !»
Et de conclure, «l’Italie a toujours soutenu les solutions politiques en Terre Sainte, basées sur la légalité internationale et ses résolutions, ce qui lui a valu le respect des principaux acteurs de la région, il est donc de notre intérêt de rejeter ce plan et d’affirmer notre opposition aux propositions justifiant l’arbitraire et perpétuant l’injustice».
Une position applaudie par une majorité d’Italiens, qui, sur cette question, rejoignent celle du pape François 1er, plus que jamais attaché à une posture ferme et déterminée face à la politique du fait accompli.
M. R.
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