L’envoi de soldats supplémentaires au Mali suscite des interrogations en France
Par De Paris, Mrizek Sahraoui – La France vient d’envoyer 600 militaires supplémentaires au Mali, en renfort aux 4 500 déjà présents sur place dans le cadre de l’opération Barkhane. Ce nouvel appui au dispositif des forces militaires françaises opérant au Sahel, sur lequel le gouvernement n’a pas beaucoup communiqué et qui n’a pas manqué de faire réagir la classe politique, résultat des orientations du sommet de Pau, tenu en janvier avec les pays du G5 Sahel, intervient au moment où le conflit s’enlise et les critiques fusent, surtout au sein des opinions publiques africaines, de plus en plus hostiles à la présence de la France sur le continent, une présence perçue comme une nouvelle colonisation qui ne dit pas son nom.
La critique de ce conflit, qui a pris depuis un moment déjà les allures d’un engagement qui ne prévoit pas de terme, s’installe désormais même en France. Tout juste après l’annonce faite par la ministre des Armées à travers un communiqué, Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France Insoumise, s’est exprimé, parlant d’une «nouvelle inquiétante». Elle l’est, écrit-il dans sa déclaration, «d’autant plus que les questions sur les buts de guerre au Mali (…) sont restées sans réponse», et d’ajouter que la France «ne peut avoir pour objectif de rester là-bas (au Sahel, ndlr) indéfiniment».
Le leader de gauche s’est posé un grand nombre de questions au sujet de ce renfort inattendu. «Pourquoi faire ? Sommes-nous menacés d’être débordés ? Une bataille est-elle engagée où nous manquons d’effectifs ? L’armé sur place a-t-elle demandé du renfort ? Que faisons-nous là-bas ?» s’est-il interrogé, à juste titre, au regard des pertes subies. Faut-il rappeler que la France a perdu 13 militaires, le 25 novembre dernier, après un crash d’un hélicoptère, portant le nombre de soldats français tués dans le cadre de l’opération Barkhane à 41, depuis son lancement, en 2014.
Outre les 600 soldats qui seront déployés d’ici fin février dans la zone dite des trois frontières, la jonction sans délimitation physique entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, il est également question de l’envoi de plusieurs dizaines de blindés lourds, de blindés légers et d’autres moyens logistiques.
Reste à savoir quand cette guerre sans fin va s’arrêter et, surtout, si elle va venir à bout des groupes djihadistes qui ont multiplié les attaques ces derniers mois.
M. S.
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