L’aide à la Libye et à la Tunisie durement critiquée : la fraternité de la discorde
Par Mohamed K. – L’annonce faite par Abdelmadjid Tebboune de procéder à un dépôt de 150 millions de dollars à la Banque centrale tunisienne a été suivie d’une série de critiques acerbes sur les réseaux sociaux. Les uns estimant que l’Algérie n’est pas dans une situation financière et économique qui lui permette une telle «gabegie», d’autres relevant que la Tunisie se trouve, dans certains cas, dans une meilleure posture que l’Algérie et en veulent pour preuve que les Algériens préfèrent les hôpitaux tunisiens aux «mouroirs algériens». Allant plus loin dans l’ironie, des internautes ont suggéré que les vacances en Tunisie cet été seront «gratuites» puisque les frais ont été «payés à l’avance par l’Etat algérien».
Cette levée de boucliers intervient au lendemain d’une aide fournie par l’Algérie à la Libye et qui avait suscité les mêmes réactions négatives des citoyens qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder de jour en jour et qui n’arrivent même pas à obtenir un sachet de lait subventionné en raison d’une pénurie à laquelle le néophyte ministre du Commerce veut répondre par le bluff et la vocifération, faute de pouvoir résoudre le problème par des faits concrets.
L’Algérie est-elle en mesure d’apporter ces aides aux pays voisins dans l’état où elle est ? La question mérite d’être posée, mais des experts expliquent qu’au-delà du geste ces mesures relèvent d’une stratégie de voisinage que l’Algérie doit maintenir pour aider à stabiliser la région, en faisant en sorte que la Tunisie et la Libye, la première dépourvue de ressources naturelles et la seconde fragilisée par la guerre civile, ne sombrent pas dans une crise qui pourrait se répercuter négativement sur notre pays.
Pour éviter la polémique, les autorités politiques ont bien précisé qu’il s’agissait d’un «dépôt» et non d’un don, comme celui que Bouteflika avait consenti à la Tunisie au lendemain du soulèvement populaire de janvier 2011 et de l’avènement d’une nouvelle direction politique, alors que les caisses du pays s’étaient vidées après que les touristes avaient fui la Tunisie en proie à la révolte puis au terrorisme. Mais cette précision n’a pas suffi à rassurer les Algériens fortement préoccupés par les conséquences désastreuses des mesures ordonnées par l’ancien chef d’état-major de l’armée dans ce que les citoyens ont fini par comprendre que c’était moins une lutte contre la corruption qu’un règlement de comptes.
Le FCE, plus grande organisation patronale, a mis en garde, dans un récent communiqué, contre la situation de quasi-faillite de nombreuses entreprises publiques et privées et le fort risque d’une vague de licenciements qui aggraverait le chômage et provoquerait des troubles dans le pays. D’où cette réaction hostile des Algériens à ces prêts et ces dons qui, selon eux, devraient être orientés vers des besoins intérieurs de plus en plus croissants.
M. K.
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