Pourquoi la grâce décidée par Tebboune n’a pas fait que des contents
Par Nabil D. – La mutinerie qui a eu lieu à la prison de Tazoult démontre à quel point toute décision qui serait prise par le pouvoir, fût-elle positive, donne lieu à une vague de mécontentement. Les prisonniers qui n’ont pas été touchés par la grâce prononcée par Abdelmadjid Tebboune n’ont pas aimé qu’ils n’aient pas été inclus dans la liste des bénéficiaires de ce geste que tout nouveau chef d’Etat fait dès sa prise de fonctions. «Cela rappelle les manifestations, voire les émeutes qui succédaient à chaque annonce de distribution de logements sociaux sous Bouteflika», relèvent des sources informées.
«Le socle de l’Etat a été gravement fissuré par les mesures hasardeuses décidées par l’équipe qui a conduit la transition depuis la démission de Bouteflika jusqu’à l’élection controversée du 12 décembre. Il sera extrêmement difficile de recoller les morceaux tant les dégâts sont énormes», confient ces sources qui pensent que «l’Algérie est appelée à connaître une période d’instabilité qui pourrait durer plusieurs années au regard de la situation économique et sociale désastreuse». Pour nos sources, «la mutinerie de Tazoult sera, certes, maîtrisée car c’est une colère passagère et cantonnée à l’intérieur d’un centre pénitentiaire, mais c’est le message que cette colère renvoie qui doit inquiéter tout un chacun».
«Les citoyens ont longtemps souffert de l’inégalité face à la loi. La vague d’arrestations arbitraires qui a achevé de tuer le peu de confiance que les citoyens avaient en le pouvoir, en général, et en l’appareil judiciaire, en particulier, a révélé au grand jour la fracture qui sépare les détenteurs de la décision et l’écrasante majorité d’une population qui a décidé de ne plus se laisser faire», avertissent ces sources, selon lesquelles Abdelmadjid Tebboune «n’a d’autre choix que de choisir le camp du peuple et de gagner son adhésion dans ce qu’il dit être son dernier combat pour rétablir le droit».
«La grâce est une bonne chose en soi, mais celle-ci doit être le prélude à une réforme profonde de la justice qui devra être la priorité des priorités du successeur de Bouteflika qui avait, on s’en souvient, voulu instaurer de nouvelles mœurs en humanisant, disait-il, les corps de sécurité et en limitant autant que faire se peut le recours à l’emprisonnement», rappellent nos sources qui soulignent néanmoins que cette approche «humaniste» de Bouteflika était sous-tendue par un désir d’apparaître comme un Président éligible à un prix Nobel de la paix. «Or, après sa démission, Gaïd-Salah a fait le chemin inverse, en établissant une véritable dictature dont l’actuel locataire du palais d’El-Mouradia aura du mal à effacer les traces indélébiles».
N. D.
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