Le procureur de Sidi M’hamed défend les accusés et dénonce les injonctions
Par Mounir Serraï – C’est une première. Au tribunal de Sidi M’hamed, le procureur de la République a demandé la relaxe pour une dizaine de manifestants arrêtés lors du dernier vendredi de marches. Au lieu de faire comme d’habitude son réquisitoire, ce procureur a tout simplement pris la défense de ceux qu’il est censé «enfoncer». Selon des témoins présents à ce procès, le procureur a fait un véritable réquisitoire contre la «justice du téléphone» et affirmé que sa conscience ne lui permettait pas d’accepter qu’il y ait des jugements injustes prononcés de surcroît «au nom du peuple». Il a souligné que les prévenus avaient fait preuve de civisme en marchant pacifiquement pour une nouvelle Algérie, «une Algérie où la justice sera indépendante».
Certains témoins ont affirmé que ce procureur aurait même versé des larmes en évoquant les poursuites injustes contre des manifestants pacifiques. Ce fait inédit intervient dans un contexte politique marqué par un fort retour du débat et de la polémique sur l’indépendance de la justice. De nombreux juristes ont pointé du doigt l’absence d’indépendance au sein de l’appareil judiciaire. Mais ce qui a ravivé cette polémique, c’est une fameuse note de l’inspecteur général du ministère de la Justice s’élevant contre la multiplication de jugements contraires à la loi ou sans aucune base juridique.
Au-delà des motivations de ce procureur, sa sortie qui défraie la chronique a le mérite de relancer le débat sur la lancinante question de l’indépendance de la justice que l’actuel président, Abdelmadjid Tebboune, appelle de ses vœux.
M. S.
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