La France s’interroge : «Quelle marge de manœuvre pour l’Algérie en Libye ?»
Par Karim B. – La chaîne d’information française France 24 s’est intéressée à l’offensive diplomatique algérienne dans le dossier libyen. «Le dossier libyen marque-t-il le retour de la diplomatie algérienne après une relative éclipse ?» s’est interrogée la chaîne du Quai d’Orsay, en se demandant, dans le même sillage, si l’Algérie dispose d’une manœuvre de manœuvre suffisante pour le règlement de la crise libyenne. France 24 a rappelé qu’Abdelmadjid Tebboune a planté le décor dès son investiture, en abordant la question libyenne dans son tout premier discours en tant que président de la République, en estimant que la conférence de Berlin, qui devait se tenir quelques jours plus tard, allait marquer le «retour en force» de l’Algérie sur la scène internationale.
La chaîne française a souligné que l’Algérie «se distingue par des traditions diplomatiques qui remontent à l’indépendance du pays» et, bien qu’elle se soit quelque peu absentée en raison de la maladie de l’ancien président Bouteflika, elle s’est distinguée par la reprise en main du dossier libyen «surtout après la menace d’escalade conséquemment à l’ingérence de la Turquie», car l’Algérie «est directement impactée par la crise en Libye, pays avec lequel elle partage une longue frontière de près de 1 000 kilomètres».
France 24 a rappelé que l’attentat d’In Amenas a été commis à partir de la Libye et que le dossier libyen concerne donc la sécurité intérieure de l’Algérie «plus que tout autre dossier dans la région», en estimant que «les échecs de toutes les initiatives de ces derniers mois ont replacé l’Algérie sur le devant de la scène». Preuve en est, le ballet diplomatique à Alger au lendemain de la conférence de Berlin. Et de noter que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a fait état d’un «renouvellement de la diplomatie algérienne» qui s’est confirmé avec la réunion des pays voisins de la Libye dans la capitale algérienne et les visites des présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et tunisien, Kaïs Saïed, à Alger.
«La marge de manœuvre pour la diplomatie algérienne est serrée mais elle existe», observe France 24. «Serrée parce que la Libye est devenue un terrain de confrontation interne entre les différentes parties au conflit mais également entre les Etats qui soutiennent une partie contre une autre et que toutes les initiatives internationales n’ont abouti à aucun résultat», explique la chaîne relevant du ministère français des Affaires étrangères.
Mais cette marge existe «parce que l’Algérie détient des cartes solides qui n’existent pas forcément chez d’autres Etats», explique encore France 24, selon laquelle l’Algérie, «partant de sa doctrine qui consiste à ne pas s’ingérer dans les affaires internes des pays tiers et rejeter toute intervention militaire étrangère, est capable de discuter avec toutes les parties, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Libye».
«L’Algérie qui soutient le gouvernement d’Al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, n’a cependant pas coupé les ponts avec Khalifa Haftar, preuve en est la visite de Sabri Boukadoum à Benghazi» récemment, a encore commenté France 24, qui note que notre pays «a bien considéré que Tripoli était une ligne rouge à ne pas franchir lorsque Haftar a lancé son offensive sur la capitale libyenne, démontrant ainsi qu’elle œuvrait à garantir un équilibre à l’intérieur de ce pays et à inciter les protagonistes à s’asseoir autour de la table des négociations».
«Tout en étant proche de la Russie qui soutient [quelque part] Khalifa Haftar, elle n’en a pas moins accueilli le Président turc qui appuie Al-Sarraj au moment même où il avait décidé d’envoyer ses troupes au sol en Libye. Cela prouve que l’Algérie peut discuter avec tous les acteurs sans exclusive, ce qui fait d’elle le pays qui peut sortir la crise libyenne de l’impasse actuelle après l’échec de toutes les initiatives précédentes», souligne encore France 24, qui relève que l’Algérie «a l’avantage d’avoir une armée solide et des services de renseignements capables de surveiller les mouvements des terroristes, y compris à l’intérieur de la Libye, ce qui est censé aider la diplomatie algérienne dans sa mission».
K. B.
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